DiXie, mi-Batman mi-lesbienne et alors ?

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DiXie, Team WALF, lesbienne et alors

Salut, qui es tu ?
Je suis une grande gamine de 35 ans, lesbienne, célibataire maladivement amoureuse et planquée derrière le rire. Je m’appelle diXie, c’est mon vrai prénom. Un prénom original forge une personnalité, ça vous aide à avoir de la repartie et à ne pas être fade. Le plus dur finalement est de ne pas décevoir après. Quand tu t’appelles comme moi, tu ne peux pas siffloter du Céline Dion en poussant ton caddie le samedi à Auchan (où alors, faut le faire grimée en Conchita Wurst. Challenge!) Pour me laisser me débrouiller avec un blase pareil, ma mère avait sans doute de grandes ambitions pour moi. De là où elle est, j’espère qu’elle n’est pas trop déçue

Que fais-tu dans la vie ?
Après avoir été étudiante touriste en histoire de l’art à Tours et à Paris, j’ai décidé de rester à la Capitale. Un parcours chaotique m’a conduite à vendre des meubles vintage, puis à écrire des chroniques dans un magazine spécialisé d’Antiquités. Du coup, j’ai fait un contrat pro en presse écrite. Le journalisme m’a ouvert ses bras pour les refermer aussi vite. J’ai fait quelques piges avant de me rendre compte du formatage malsain de la presse. Ma plume était apparemment trop aiguisée pour le grand public. C’est pas grave. Je suis retournée étudier (j’adore ça) en graphisme cette fois. Là, je suis revenue dans la presse par la petite porte en tant que maquettiste, infographiste. Pour être honnête, j’ai le défaut de tout faire à la petite semaine. Je ne suis pas fainéante pourtant. Je crois que tout me semble trop petit, étriqué. Alors je me jette dans plein de projet, en attendant qu’un m’accroche en particulier.

Tu vas où quand tu sors ?
Je ne sors pas beaucoup, je ne suis pas un bon exemple. Ma vie rêvée est de trouver une petite femme qui partage mes envies cocooning. L’idéal serait des soirées à deux avec un bon dîner, du bon vin et une bonne série. Comme je n’ai plus cette chance, je sors surtout chez des ami(e)s pour avoir un semblant de vie sociale. J’aime quand même les bars rassurez-vous. Disons que je n’y vais plus trop, mais si on m’y invite, j’ai du mal à en partir! J’aimais aussi les boîtes pour danser, parce que j’adore la musique et bouger mon corps comme une guedin. malheureusement, il n’ en a plus beaucoup d’endroits où je me sens bien. Peut-être qu’avec la bonne personne… ?

Si tu étais … tu serais ?
– une couleur : Le noir sans hésitation. J’aime le contraste que cette non-couleur apporte aux choses. C’est une négation, une antithèse, une tristesse qui sublime pourtant tout ce qui se pose dessus. Le noir représente la nuit où les valeurs sont inversées, la mort qui devient un renouveau, le sombre qui redonne de l’éclat. C’est magique, poétique comme un film en noir et blanc, dandy, gothique, antisocial et tellement chic à la fois. Le noir pour son imaginaire.

– un mot : Graphisme. Parce que je joue avec les mots et que celui-ci se donne à moi : graph is me. Et si c’était vrai pour une fois, si j’avais trouvé ce qui me va. J’aime les mots et le dessin. Ce domaine me propose de transcrire des pensées en visuels, le pied non ?

– un défaut : Réservée. On me le dit depuis l’école primaire. Mes bulletins trimestriels regorgent de fines analyses : « élève trop réservée », « devrait se faire plus confiance », « discrète ». C’est bizarre, parce que pour moi ce n’est pas un vrai défaut. J’ai plus la sensation que j’attends l’autre, je l’observe. Si je ne dis rien, c’est parce que le silence ne me fait pas peur. C’est plutôt une forme de d’assurance tranquille. Je n’ai pas besoin de combler le vide, de brasser de l’air. Je ne m’épuise pas pour exister aux yeux des gens. Après cela, si les personnes font l’effort ou sont intriguées pour en savoir plus, je suis sûre qu’ils me correspondent au moins un peu.

– une musique : Du Michael Jackson pour la nostalgie. J’ai été une put… de fan, au point de le voir en concert et de ne pas me changer la semaine qui a suivi. Un titre en particulier ? Smooth Criminal, parce que le clip est dément, que sur scène c’était une tuerie et que c’est un paradoxe ! Maintenant que j’ai grandi (pas de beaucoup, je sais), j’aime les chanteuses posées et planantes à la fois. Lana Del Rey ou Agnes Obel sont de celles-là. Elles m’emmènent loin dans une économie de moyens. Et en temps de crise ça n’a pas de prix !

– un livre : J’aurais aimé avoir l’étoffe des Clochards célestes de Jack Kerouac. Partir sans but, marcher au hasard, faire des rencontres uniques, dormir n’importe où. Malheureusement, mes semelles de vent sont lestées par la trouille. Je ne peux pas quitter le peu que j’ai de peur de croiser un Émile Louis joli avec mon bol légendaire. En plus, je suis maniaque, alors dormir par terre, brrr

– un alcool : Un alcool de riz, si seulement j’aimais ça. Je suis fan de la culture japonaise, sauf que ça suffit pas pour boire du saké. Je suis une chichounette, c’est trop fort pour moi ! Du coup, je me rabat volontiers sur une bonne bière délicate comme la Faro, fermentée au sucre candi. Un bonbon liquide que j’ai découvert à Bruxelles. Ça me correspond bien finalement. J’ai une passion pour les pays du nord (la chaleur humaine, la bouffe « légère » et les ciels bleus sous un froid vivifiant). Ça commence en Belgique dans un verre de bière fraîche et parfumée.

Quel est ton rêve d’enfant ?
Devenir écrivain. J’ai un manuscrit qui me suit depuis des années. On est un bon nombre dans ce cas là à traîner son rêve comme un boulet. Le mien fait même pas 50 pages, sauf que dans ma tête c’est un univers riche qui ne cesse de grandir au fur et à mesure de mes lectures, de mes expériences de vie. Je devrais m’y mettre sérieusement avant de le regretter. J’ai juste les boules de ne pas faire un vrai métier. Avant que ça marche, il faut trouver la moitié qui accepte de vivre avec des sacrifices et compromis. É crire est un luxe.

Tu te vois où dans 10 ans ?
Je ne me vois pas. La vie avance vite et trop peu à la fois. Il y a quelques mois encore, j’étais pacsée, heureuse, prête à vieillir avec la femme de ma vie. Aujourd’hui, je suis seule dans mon studio avec des rêves revus à la baisse. Je retrouve une vie d’étudiante. Ça pourrait être cool, moi ça me gonfle cette idée du surplace. Je n’ai plus le temps. Au mieux, je ne me vois pas à Paris et je ne me vois pas seule.

Quelle est ton idée du bonheur ?
Une bibliothèque et un jardin. On peut agrémenter ce bonheur simple d’une tablée d’amis, d’une cheminée qui crépite, d’un amour confiant.

En qui/quoi crois-tu ?
Je devrais croire en moi. Plus. Sinon, je crois au karma, à la roue qui tourne. Elle tourne mieux quand on l’aide avec de bonnes actions, de bonnes pensées. Bon ben, elle tourne pas super vite en ce moment

Quelle est ta plus grande peur ?
L’abandon. Faire confiance à quelqu’un et que celui-ci se barre, sans raison apparente. C’est lié à mon histoire personnelle bien sûr. Ma maman est partie un matin et elle n’est jamais rentrée. Je ne devrais plus flipper, le pire est déjà arrivé.

Quel est ton meilleur souvenir ?
J’en ai plein. Je suis sensible, donc un détail pour vous peut être un moment inoubliable pour moi. Celui qui me revient maintenant, c’est un resto japonais avec celle qui est devenue mon ex. Elle m’a demandé avec insistance si je ne voulais vraiment pas un dessert. Tout ça pour finalement me faire sa demande de pacs. C’était kitch, c’était prolo, c’était merveilleux.

En quoi te réincarnerais tu si tu le pouvais ?
En maman, juste pour voir si je suis capable d’en être une convenable, malgré mon manque de droit et de référence !

Quelle est la qualité que tu aimes chez une femme ?
La patience. La patience d’attendre que je me donne, la patience d’attendre un avenir meilleur, pour nous et pour tous.

Si tu pouvais avoir un pouvoir, lequel choisirais-tu ?
J’ai un rêve très con, celui de savoir où je peux dénicher cette fringue géniale vue dans la rue, ou ce meuble de ouf, sans que ça me coûte un bras ! Outre ce pouvoir de pauvre meuf matérialiste, j’aurais aimé me téléporter où je veux en un quart de seconde. Le voyage facile, sans jet-lag et pas cher. Bonheur.

As-tu une héroïne dans la vie réelle ?
Isadora Duncan, danseuse libre. Artiste emblématique du début XXe siècle. Elle a fait revivre les figures antiques et sa danse des voiles me colle des frissons. Presque nue, elle avait une force prodigieuse juste par quelques gestes gracieux.

Comment te qualifies-tu, sexuellement parlant ? (lesbienne, bie, trans, queer…)
Je suis lesbienne. J’aimerais dire pure et dure, mais je suis un petit cœur tout mou sous une apparence rigide. Puisque j’en suis à me lâcher comme devant ma psy (#aucunedignité), je pense que je suis de celle qu’on ne remarque pas, mais qu’on regrette le moment venu (#lamodestiemetouffe) !

En quoi cela a-t-il influencé ta vie, tes choix ?
J’ai toujours assumé, sans violence, sans terrorisme. Je ne milite pas, je ne me cache pas non plus. Je vis comme je suis, en fausse calme. Aimer les femmes a été mon jardin secret, mon fantasme de douceur, moi qui suis une boule de nerf camouflée. Control freak.

As-tu une devise ?
Tu goûteras à tout, mais ne t’attacheras à rien.

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