Le gaydar existe-t-il ?

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Gaydar : deux syllabes accolées au chic proche de la poissonnière du marché de Fourqueux. Ce terme prononcé sourire en coin par ceux qui savent, sonne canaille à mes oreilles. Gaydar, ou le radar à gay (et non pas le dard gay un poil vulgaire) est un mot-valise qui transporterait bien une part de l’histoire homo.

Revivons ensemble les heures homologuées LMPT quand notre orientation sexuelle était considérée comme un crime et une maladie. Cette période rigolotte où pour rencontrer il fallait être sacrément discret si on tenait à rester vivant. Vous y êtes ? Bien.

Vous errez comme une âme en peine dans les rues, souriant poliment aux hommes, baissant les yeux (faisant au moins semblant) devant les dames. Fille des âges farouches, rappelez-vous qu’en ce temps-là reluquer est un sport extrême. Quant à draguer, c’est une chasse en milieu hostile où on peut vite passer du chasseur au chassé. Frisson. Telle une Lady Oscar en loucedé, vous infiltrez la populasse où certaines femmes pourraient tomber sous votre charme. Mais comment le savoir ?

C’est là qu’intervient la théorie du gaydar selon laquelle les gays se reconnaissent entre eux.

Alors tout d’abord précisons que ce 6e sens est plus ou moins affuté chez les personnes inverties. Certaines ne verraient pas une butch dans un couloir. Ce n’est pas une science exacte, malheureusement pour les célibataires, heureusement pour les sectaires. Imaginez sinon une brigade d’homo chargée de repérer ses congénères pour les livrer en pâture aux veilleurs. Brrr.

Le gaydar qu’une partie des gens pensent avoir se base sur des détails. Le style global de quelqu’un, les chaussures portées, la taille des ongles (toi même tu sais), la démarche. Vous voyez ce petit roulage de hanches faussement sûr de soi qui trahit inconsciemment, cette attitude de gentleman pour commander au bar, etc.

On peut peaufiner les observations suivant ses expériences personnelles. Il est important de rencontrer plusieurs sujets pour faire une étude correcte mesdames. Tout bon scientifique sait ça, alors sus au labo !

Maintenant ce qui complique le jeu du gaydar, ce sont les modes qui se complexifient. Avec l’ouverture d’esprit grandissante de la société (si je vous assure!) nous ne sommes plus tenus de nous cantonner à des repères stylistiques pour nous reconnaître. Fini le temps des mignons et des camionneuses qui rassurait autant qu’il frustrait. Aux chiottes les stéréotypes LGBT.

Aujourd’hui, la gamme du gay se décline à l’infini du queer affirmé au caméléon no-style. Vive la liberté d’être soi, mais vive la galère quand tu veux serrer aussi. On est plus sûre de rien ma bonne dame. Sans compter tous ces hétéros qui trouvent sympa nos lieux et nos styles, c’est cool mais nous on perd le nord.

Le gaydar s’il existe est une histoire de dosage d’écoute et d’ouverture d’esprit. C’est avant tout votre don d’observation qui fait la différence pour que votre aiguille tombe juste.

Aventurières, exercez-vous à l’effet doppler pour détecter l’onde sensuelle.

Le gaydar
illustration Manu

 

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