Emma, 26 ans, le chemin me paraissait insurmontable

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Emma-Lesbienne-et-Alors

Salut, qui es tu ?
Salut à tous! Je m’appelle Emma, j’ai bientôt 26 ans et sur la photo ci-dessus je suis en Russie lors d’un semestre d’études là-bas.

Que fais-tu dans la vie ?
Eternelle étudiante, plus pour longtemps normalement. J’ai passé 4 ans en fac de droit, c’est le temps qu’il m’a fallu pour me rendre compte que ce n’était pas du tout la bonne voie pour moi! Je me suis donc réorientée vers une licence LEA Anglais et Russe. J’adore les langues et notamment le russe et je suis aujourd’hui en première année du master LEA. Donc, c’est ma huitième année d’études (avec pour seul diplôme obtenu pour le moment une licence LEA)!

Tu vas où quand tu sors ?
En général, plutôt chez des amis. Il n’y a pas si longtemps, j’allais fréquemment dans le même bar avec un groupe d’amis étudiants, mais maintenant on me surnomme « Mamie » et je sors beaucoup moins. Maintenant, je vais beaucoup plus apprécier une soirée restau ou repas chez des amis, plutôt qu’une soirée beuverie où l’on enchaîne les jeux à boire (même si j’avoue que j’en fais encore^^).

Si tu étais … tu serais ?

– une couleur : Je dirai « mauve ». Déjà parce que j’aime beaucoup cette couleur, puis elle est douce. À la fois féminine car elle contient du rose, mais aussi masculine puisqu’elle contient du bleu. Un peu comme moi, au premier abord je suis plutôt féminine, mais en dessous je manque de la classe et l’élégance que devrait avoir une « vraie lady »!^^

– un mot : Je pense que je vais me la péter et choisir un mot russe! Девушка qui se lit « Diévoushka » signifie « jeune fille » mais aussi « copine ». Je trouve ce mot joli, il me définit puisque je suis une jeune fille (je sais que certains amis m’appellent « Mamie » mais je suis encore jeune, merde!^^) et c’est aussi comme ça que je fais référence à ma copine quand je parle avec mes potes russes de promo.

– un défaut : La flemme! C’est fou ça, mais parfois je suis tellement envahie de flemme et de procrastination que je suis incapable de faire quoique ce soit… Là, j’étais en train de galérer à traduire des phrases en russe pour mon master puis je suis tombée sur « we are les filles » que je ne connaissais pas en faisant un tour sur Facebook. J’ai lu des articles et me voilà en train de répondre à ce questionnaire. Alors que, sans offense aucune, j’ai des choses plus importantes à faire^^. Comme la vaisselle et ma tonne de boulot pour le master.

– une musique :« Si seulement je pouvais lui manquer » de Calogero, dédicace à mon papa à qui j’ai tellement voulu manquer pendant des années. Cette chanson me retournait totalement quand je l’écoutais. Aujourd’hui, nos relations sont bien meilleures donc j’hésite avec une autre musique. Celle-là c’est une dédicace à ma chérie : « Addicted to you » de Avicii, si vous ne connaissez pas, écoutez et surtout regardez le clip, il est vraiment magnifique (mais triste)!

– un livre : Je dirais « Mercure » d’Amélie Nothomb. Je suis fan de tous ses livres et c’était difficile d’en choisir un. J’ai choisi celui-ci pour son traitement de la différence, de l’apparence physique et pour le twist final, car dans ce roman très agréable à lire, la fin est une véritable apothéose. Et je pense que la fin d’un livre est très importante et peut gâcher totalement un livre ou le sublimer. Et si je me souviens bien (parce que je ne l’ai pas sous la main), il y a en plus une fin alternative qui laisse donc place à notre imagination et notre volonté : quelle fin préfère-t-on? Moi j’aime pouvoir faire mon choix!

– un alcool : Ce serait trop facile de dire la vodka, puis pour tout vous dire j’en ai trop bu! Je dirai le champagne, parce que ça pétille. C’est la version « paillettes » du vin!

Quel est ton rêve d’enfant ?
Houla… J’ai une mémoire de poisson rouge alors me souvenir de ce que je répondais à la question « Qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras plus grande? » c’est au dessus de mes forces ! N’ayant pas ma mère sous le coude pour lui demander, je vais me rabattre sur l’ambition que j’avais au collège : devenir traductrice. Je suis restée dans la voie des langues mais mon master professionnel me mènera plutôt à être responsable import-export, consultante pour une entreprise ou à travailler dans le tourisme par exemple.

Tu te vois où dans 10 ans ?
Malgré mes études je ne souhaite pas vivre en Russie pour diverses raisons car, bien que j’aime beaucoup ce pays, comme vous le savez ils ne sont pas très gay-friendly et c’est loin d’être le seul problème du pays. Dans 10 ans, je me vois mariée et avec un ou deux enfants, un boulot qui me plait et me permet de voyager régulièrement tout en ayant une vie de famille en France. Je ne cherche pas à accumuler des richesses du genre voiture de luxe, maison gigantesque ou parures de diamant. En soit je voudrais juste être entourée de gens que j’aime et faire quelque chose que j’aime.

Quelle est ton idée du bonheur ?
Pour ne pas faire répétition avec la réponse précédente, je vais dire qu’aujourd’hui mes moments de bonheur c’est marcher main dans la main dans la rue avec ma chérie sans penser à ce que pensent les gens (même si malheureusement parfois ils te le rappellent de façon assez impolie), rentrer de cours et la retrouver. Je pense que c’est tout simplement d’assumer ce dont j’ai envie qui me rend heureuse.

En qui/quoi crois-tu ?
Sur la question religieuse, j’ai un parcours particulier. Je suis née dans une famille athée mais suis allée dans une école catholique. Petite, je harcelais ma mère pour aller à l’église et au catéchisme avec mes copines d’école. J’ai décidé de me faire baptiser et d’avoir ma première communion en même temps et je prenais ça tellement au sérieux que ma mère a bien cru que je finirai bonne sœur ! Ma foi s’est estompée un peu au collège où je n’étais plus vraiment pratiquante. Puis je suis entrée en lycée public et mon prof de philosophie m’a appris à penser par moi-même. Je me suis rendue compte que ma foi venait de l’éducation que j’avais suivie, d’un certain bourrage de crâne. Quand on est enfant, on croit ce que nous disent les adultes, ce n’est pas plus bête que ça. Maintenant, je crois en une morale supérieure, une sorte de karma. Je pense que tant que l’on ne veut pas de mal à autrui, tant que l’on agit dans l’amour et le respect de son prochain, on n’a pas à rougir de ses actes. S’il y a un Dieu quelque part, alors je pense qu’il est d’accord avec moi ! Pourquoi devrais-je brûler en enfer parce que j’aime profondément quelqu’un du même sexe que moi? (Bon je vais passer à la question prochaine sinon je vous fait un roman sur le sujet 😀 )

Quelle est ta plus grande peur ?
Je pense que c’est la peur de l’abandon, de la solitude. Même si, comme tout le monde, j’aime avoir des moments de tranquillité où je suis seule, je pense que si je devais me retrouver loin ou privée de tous les gens qui comptent pour moi, je perdrais la tête. J’ai besoin de mes amis, de ma famille et bien sur de ma copine.

Quel est ton meilleur souvenir ?
C’est difficile d’en choisir un mais il y a une image forte qui s’impose à moi parmi tous mes souvenirs. Il y a presque 10 ans, j’ai fait un voyage au Japon. Je me suis retrouvée avec des gens qui planifiaient de gravir le Mont Fuji. J’ai tout de suite voulu les suivre malgré ma condition physique proche de zéro et le fait que j’avais principalement dans ma valise des robes et des tongs (il fait chaud en juillet à Tokyo)! J’ai acheté des baskets et un pull trop court et je suis partie avec eux, de nuit, une lampe sur le front et un sac plein de provisions sur le dos. Pendant 8h, nous avons grimpé. Au départ nous étions 8 dont des personnes bien plus sportives que moi. Nous n’avons été que 3 à arriver en haut et j’étais la seule fille. C’est un bon souvenir car ça m’a prouvé que mon mental est plus fort que mon physique défaillant, j’avoue j’étais fière comme jamais. Mais surtout, à peine arrivés en haut, il y a eu le lever de soleil, la montagne et les nuages qui se dévoilent peu à peu et le paysage magnifique parcouru dans le noir qui apparaît. C’était à couper le souffle.

En quoi te réincarnerais tu si tu le pouvais ?
Sans hésiter, en chat. Parce qu’un chat c’est trop mignon, ça dort tout le temps (je vous avais dit que j’étais flemmarde) et ça se fait câliner en permanence. La vie de pacha(t)!

Quelle est la qualité que tu aimes chez une femme ?
C’est difficile d’en trouver une seule mais je dirai l’humour en premier lieu. J’adore rire et ça rallonge l’espérance de vie il parait! Je pense qu’avec de l’humour on peut tout surmonter et on peut transformer de simples moments de la vie de tous les jours en vraie « éclate »!

Si tu pouvais avoir un pouvoir, lequel choisirais-tu ?
Télékinésie, toujours rapport à ma flemme! Plus besoin de se lever pour attraper la télécommande, éteindre la télé etc… Puis j’ai plein d’idées plus créatives pour utiliser ce pouvoir^^, comme assommer avec une poubelle l’enflure qui a essayé de m’arracher mon sac dans la rue ou encore pour faire des miracles sous la couette^^!

As-tu une héroïne dans la vie réelle ?
Je ne vais certainement pas être très originale mais je vais dire : ma mère. Elle nous a élevées moi et ma soeur pratiquement seule même si mon père assurait la partie financière. Elle nous aime plus que tout (et en devient parfois envahissante^^) et fait face chaque jour à un métier difficile (femme de ménage) sans jamais se plaindre. Elle a un moral d’acier et ne se laisse jamais abattre, à un point qu’elle ne comprend pas toujours que d’autres puissent déprimer. Elle est forte tout simplement et c’est ma Super Maman, héroïne de ma vie!

Comment te qualifies-tu, sexuellement parlant ? (lesbienne, bie, trans, queer…)
C’est difficile de répondre cette question. À vrai dire, dans les faits, j’ai été hétéro pendant la majeure partie de ma vie. Je me disais bisexuelle car j’étais aussi attirée par les filles mais je n’avais pas eu l’occasion de vraiment expérimenter jusqu’à récemment.

Maintenant que j’ai sauté le pas et que je vis avec ma copine, j’ai l’impression que je suis enfin à ma place, que j’ai enfin trouvé la personne pour moi.

Après, est-ce que ça a plus à voir avec le fait que ce soit une fille ou avec le fait que ce soit elle en particulier? C’est difficile à dire. Au final je pense que l’on tombe plus amoureuse d’une personne que d’un sexe. Je ne le souhaite pas du tout, mais si jamais ça ne marchait plus avec ma copine, peut-être qu’un jour je retomberai amoureuse d’un homme… Mais pour le moment, ça me parait vraiment peu probable. Aujourd’hui, j’aime les femmes, j’aime ma femme et je ne regrette pas mes relations hétéro passées, donc je pense que je peux dire que je suis lesbienne. Mais on ne peut pas dire « Fontaine, je ne boirai jamais plus de ton eau ».

En quoi cela a-t-il influencé ta vie, tes choix ?
Au début, j’ai pris ça pour de la curiosité, une certaine liberté sexuelle d’être attirée par les filles. Puis récemment c’était devenu une obsession et un mal-être. J’avais envie d’être avec une fille, je ne pensais qu’à ça mais le chemin me paraissait insurmontable. J’avais toujours été hétéro, je savais comment attirer l’oeil d’un garçon, je savais comment me faire comprendre et draguer. Le plus gros du boulot c’était quand même les mecs qui le faisaient. J’ai essayé de me lancer en draguant une connaissance dans un bar, j’avais l’intuition qu’elle pouvait être bi. Cette soirée a été une absolue souffrance car cette fille a passé son temps à m’envoyer des signaux contradictoires. J’ai déprimé pendant des mois après en me disant que je ne saurai jamais draguer une fille et que mon style féminin empêcherait toute lesbienne de me reconnaître comme membre du crew^^. Je me sentais seule et impuissante.

Comme si je retournais à la case départ, j’étais à nouveau une adolescente boutonneuse et vierge qui ne savait pas quoi faire de son corps quand j’essayais d’attirer l’attention de l’être convoité.

J’avais 24 ans et pourtant j’avais l’impression d’avoir perdu toute mon expérience. Puis, mes amies m’ont aidée ! Ma meilleure amie m’a présentée à une de ses collègues lesbienne et à ses amies. Puis une amie m’a traînée à une soirée d’une association lesbienne, je ne voulais pas y aller car j’avais du travail pour la fac, et là j’y ai rencontré ma copine. Là sur ce terrain, j’étais plus sûre de moi et j’étais tellement déprimée que je me suis dit que c’était le moment ou jamais de se jeter à l’eau. J’ai fait les premiers pas et ma vie a changé depuis. Je ne me voyais pas vivre avec tous mes précédents copains, je parlais d’indépendance et je disais que je n’étais pas prête. Pourtant, c’est moi qui ai proposé à ma copine de venir vivre avec moi. J’ai du me construire tardivement en tant que lesbienne et je suis encore en train de rattraper tout ce que j’ai manqué! The L Word c’est bon j’ai englouti toute la série^^ et ma chérie m’aide à me faire une culture lesbienne film par film. Donc cela influence encore ma vie de tous les jours, je suis un peu comme certaines ont du l’être à leur jeune âge, j’ai fait ma première gay pride l’année dernière et j’ai un drapeau rainbow affiché sur le mur de mon salon.

As-tu une devise?
Ce n’est pas vraiment une devise mais un conseil disons : Pour qu’une relation fonctionne, qu’elle soit amoureuse ou amicale, il faut que les deux personnes se parlent et se disent les choses. Les non-dits et les rancœurs ravalées ne font que fragiliser la structure d’une relation et au énième non-dit, tout risque de s’écrouler! (Waow je finis sur une note de philosophie de comptoir!)


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    1 commentaire

    1. Portrait plein de vie et très touchant! 🙂 Que la découverte tardive de ton attirance pour les femmes t’amène sur des chemins épanouissants!

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