« Coucou, je suis une paumée de la vie. A un point inimaginable. Je ne sais plus vraiment ou aller, qui je suis… Je suis homosexuelle et seule. Je suis un paradoxe ambulant, je suis solitaire mais la solitude me pèse depuis un moment. Je suis amoureuse, j’ai le cœur en miettes. J’aime une fille avec qui, il n’y aura jamais rien de plus qu’une simple amitié. Des fois je maudis mon homosexualité, si j’aimais les hommes, je serais déjà avec l’un d’eux… Mais non. Je cherche à m’en sortir et cela fait déjà un moment que je mène un combat quotidien… Auriez vous quelques conseils pour une âme perdue et isolée? »

Mon petit bouchon, ça va être un traitement de choc. Je vais confier ton cas aux mains expertes de Sylvie Vartan avec sa reprise philosophique d’Eurythmics.
« Déprime à quoi tu rimes / Avec ton parfum d’aspirine »
Tu es une femme qui en aime une autre, sauf que cette histoire est apparemment impossible. La belle affaire, tu n’es pas la première ni la dernière dans ce cas. Je le répète à longueur de courrier, l’amour est une salope c’est pour cela que c’est si fort.
Maintenant ce qui me choque, c’est que tu crois que ça serait plus simple avec un mec. Tu penses sincèrement que tu t’en sortirais mieux ? Tu crois que ces petites bêtes se contrôlent plus facilement ? Qu’ils s’attrapent pépère est une chose, mais qu’ils se gardent sans effort, t’es sure ?

Tu te fais des films. L’amour n’est pas le pays des bisou-nours. Peu importe qui l’on cherche, qui l’on désire, qui l’on aime… la galère fait partie du décor. Les élans du cœur, les non-dits, les mésententes ne font jamais de la vie à deux un long fleuve tranquille.
On traîne tous des fantômes, une enfance, des blessures qui nous opposent au reste du monde. Même quand on aime fort, notre partenaire ne vit pas au même rythme que nous.
La vie est cruelle.

L’autre ce n’est jamais soi qu’il soit de même sexe ou pas !

Répète ce mantra.

Après tu peux essayer de choper un brave garçon option gendre idéal (raie Petrolane et costume acheté chez Babou), aménager votre pavillon Phoenix aux murs taupe et baptiser votre chien Moules-frites parce que vous êtes foufous, tu ne seras pas heureuse. Et lui non plus (le chien hein, le mec tout le monde sait que je m’en fous voyons.)
« Passe ton chemin, tu as mauvaise mine / Ton image de marque décline »

Tu es homosexuelle. Ça ne dit pas tout de toi. Tu aimes les femmes ok. Cependant tu peux aimer ta collection de pots de yaourts, la musette et la bouffe vietnamienne aussi. Tout reste ouvert. Ta vie amoureuse est importante certes, mais ça ne dirige pas entièrement ton destin.
En plus, maudire ton orientation sexuelle n’est pas ultra constructif. T’es sur le marché de l’affectif et tu fais la tronche. Ben bravo !

Astuce de déglingos : il faut « méditer », c’est-à-dire médire + démonter selon les pros du marketing. Oui, puisque l’élévation de soi n’étant pas donné à tout le monde, il suffit de rabaisser les autres pour y parvenir. Malynx.
Ainsi, quand tu te sens paumée dis-toi joyeusement qu’il y a pire et pars gambader dans la forêt. Ajoute à cela le conseil avisé (courte) des anges de la télé-réalité, fais-le en string pour plus d’impact commercial. Par contre mon poussin, tu vas pas ramener le haut du panier faut le savoir.
« Déprime t’as plus la prime / Je te renvoie dans ton abîme »

Fais le point, recentre-toi sur tes intérêts, tes loisirs, tes amis, ce qui te fait lever le matin. Tout ça c’est toi et tu n’es pas une âme perdue. Tu t’es juste un peu égarée. Alors relève la tête, tiens-toi droite et regarde la ligne d’horizon en souriant. Marche fièrement.
Avoir la bonne attitude aide à nettoyer son intériorité. Ravalement de façade et ménage de Printemps au programme pour mieux respirer.
Ouvre les fenêtres et regarde les sites de rencontres (Meetic ça marche, j’en suis la preuve. Attention quand même aux profils bidons !) Sors, inscrits-toi à des associations, des ateliers, des clubs en tous genres suivant tes moyens, ton temps, tes goûts, ton coin. La vraie vie et les amis que tu ne connais pas encore t’attendent dehors.

Heureusement l’existence est plus belle qu’une reprise ratée. Fais des Sweet dreams et réalise-les c’est le bon moment. Le printemps, c’est la saison de la renaissance.

illustration @Mdessine