TEXTO – nouvelle érotique

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texto nouvelle erotique

Notre échange de textos est parti d’un simple malentendu. C’était lundi dernier… ou peut-être mardi, je me baladais dans les rayons d’une librairie et j’ai vu ce livre un peu coquin sur les histoires extraordinaires des femmes faciles du début du 20e siècle. Prise d’un fou rire j’ai envoyé un message un peu osé à ma meilleure amie pour lui faire partager ce moment.

Elle a changé son portable il y a peu, et j’ai dû retrouver le numéro sur un bout de serviette de table en papier qui trainait dans le fond mon sac à main. La réponse est arrivée quelques minutes plus tard :

« Salut ! Je ne pense pas que ce texto m’était destiné mais j’ai bien ris quand même ! Tu devrais l’acheter ce bouquin non ? »

J’avoue que sur le moment mon sang n’a fait qu’un tour et s’est ensuite concentré dans mon visage pour me rendre rouge de honte. Je me suis alors empressée de lui envoyer un autre texto pour m’excuser de ma maladresse et de mon erreur. Et c’est là que tout a commencé.

Je ne sais pas qui elle est, je sais juste qu’elle s’appelle C… et qu’elle vit à Paris aussi. Depuis lundi (ou mardi) dernier, jour de ce fameux texto malencontreux, nous avons continué à nous envoyer sporadiquement des messages. Des petites choses incongrues vues dans la rue, un coup de gueule, une nouvelle dans le journal… Au lieu de me faire mes éternelles réflexions à voix haute je les lui envoie à elle. Ces quelques petits mots inscrits sur mon écran de téléphone me font toujours rire, ou au moins sourire. Et puis c’est tellement mystérieux de ne rien savoir d’elle : comment est-elle ? Quel âge a-t-elle ? Où travaille-t-elle ? Je n’en ai pas la moindre idée. Je sais simplement que je ne cesse de regarder mon portable, le sortant 30 fois par jour pour être sûre de n’avoir manqué aucun message, ou pour simplement relire ceux qu’elle m’a déjà envoyé.

C’est elle qui a envoyé le premier texto aujourd’hui à 6h47 : « Tu savais que l’orgasme du cochon pouvait atteindre 30 minutes ?! » J’ai bien cru que je n’allais jamais m’en remettre ! J’en rigolais encore dans ma douche, et quand je suis allée au travail un léger ricanement effleurait encore mes lèvres. Assise à mon bureau, je commence à composer un message : « Oh la la… si seulement ça pouvait m’arriver aussi ce genre de choses ! » Mon doigt est sur le bouton d’envoi, mais j’hésite quand même un peu… Non allez, c’est parti !

Nous avons continué notre échange de « sexy fun facts » tout l’après-midi. Je regarde l’horloge de mon ordinateur : il est presque 18h, je vais bientôt décoller pour rentrer chez moi. Je prends mon manteau, salue mes collègues d’un petit mouvement de la main et fonce vers la sortie. Je sens ma poche vibrer à l’entrée du métro. Je m’arrête dans les marches et manque de tomber en lisant les quelques mots de mon interlocutrice mystérieuse. « Punaise… ça m’a donné vachement envie… pas toi ? » Un ange passe comme on dit. J’ai un affreux moment de flottement intellectuel et décide pour une fois de ne pas répondre tout de suite. Je cours dans les sous-sols du métro pour pouvoir attraper mon train au plus vite. Le bip des portes résonne dans la gare et je me rue vers la porte. Ouf ! Je l’ai eu. Je m’installe près d’une fenêtre et ressors mon portable de ma poche. Est-ce que cette conversation m’a donné envie ? En tout cas je sais qu’elle m’a donné du rouge aux joues plus d’une fois dans la journée. Je regarde tout autour de moi pour vérifier que personne ne lit derrière mon épaule, et commence à composer ma réponse. « C’est vrai que cette conversation m’a ouvert l’appétit ! » Evasive… c’est bien ! J’ai encore une fois rougis en pensant à notre échange de textos. C’est cet aspect inconnu qui me trouble au plus haut point. Je rêve de savoir à quoi elle ressemble… Est-ce une de ces femmes qui attirent tous les regards, ou est-elle timide, ne se révélant que dans l’intimité ? Une autre vibration dans ma poche. « L’endroit idéal pour faire l’amour ? Pour moi c’est la cuisine. » Une chaleur incroyable m’envahit tout à coup, et je retire mon écharpe pour me laisser respirer. Je suis rouge et je dois avoir un drôle de petit sourire inscrit sur le visage… J’espère que les autres personnes présentes dans la rame ne devinent pas ce que je suis en train de faire. « C’est vrai que la cuisine est un endroit magique pour faire l’amour… c’est un lieu rempli d’émotions et de plaisir… » Ma rougeur ne va plus me quitter je pense, et la chaleur que j’ai senti tout à l’heure se concentre maintenant dans mon bas-ventre. Je garde mon téléphone entre mes mains pour attendre le prochain message. Mais un message d’une autre sorte arrive à mes oreilles. « Mesdames et messieurs, en raison d’un incident matériel à la prochaine station nous allons rester à […] jusqu’à ce que le trafic se rétablisse. Merci de votre compréhension. » Ah c’est bien ma veine ! Enfin ce n’est pas grave, je viens juste de recevoir un nouveau texto. J’ai un peu peur d’appuyer sur le bouton et de le lire…qu’a-t-elle pu marquer cette fois-ci ?

– Qu’est ce qui te fait le plus envie quand tu regardes quelqu’un ? Moi je crois que c’est le sourire…

– Moi c’est les yeux, et le regard. Ou les uniformes… ça fait toujours son petit effet non ?

– Oui tu as raison ! Un uniforme bien ajusté… même sur une femme. Ca leur va terriblement bien.

– Elles sont terriblement séduisantes les policières en uniforme je te l’accorde…

– Tu as déjà fait l’amour avec une femme ?

Je crois que je vais prendre feu… et j’avoue avec un peu de gêne que l’idée qu’elle vienne m’ét(r)eindre, m’a traversé l’esprit. Ma main est un peu moite, et j’essuie ma paume sur ma cuisse brûlante. « Non pas encore. Mais je ne rejette pas cette possibilité. » Sans plus réfléchir j’envoie ces mots. Tant pis si elle me prend pour une folle. J’assume ! « Moi non plus… mais j’avoue être tentée par moment… je pense que je n’ai pas encore trouvée la fille qui me fera vibrer… ou du moins que je ne l’ai pas encore rencontré en face. » Ma tête est en train de tourner, et je suis bien contente d’être assise. Mes pensées vagabondent d’une manière dangereuse. La voir… la serrer contre moi… presser ses lèvres contre les miennes… et découvrir un corps que je ne connais pas… Un frisson me parcourt l’échine, j’ai l’impression d’être fiévreuse. La sonnerie de fermeture des portes retentit, et le train se met doucement en branle. Fausse alerte, il ne fait que quelques mètres et se bloque. « Mesdames et messieurs, pour des raisons de sécurité notre train est bloqué. Merci de ne pas chercher à ouvrir les portes. Nous devrions repartir très prochainement. » Je me fiche pas mal d’être bloquée ici ! Mais je préfèrerais être bloquée contre elle… sous elle… écrasée par son corps souple… nos deux peaux se frottant l’une contre l’autre… mes soupirs se mêlant aux siens et le goût de sa langue dans ma bouche… Je dois lui répondre ! Je prends mon portable dans ma main moite et commence fébrilement à écrire un message. « Je pense que pour moi c’est pareil… » Voilà, quelque chose de simple, elle va passer à autre chose et je vais me calmer c’est sûr. Vibration. « Je l’imagine grande, athlétique mais sans être musclée, des yeux clairs…et un charme incroyable. » Je me regarde dans la vitre du métro. Oui, je suis plus grande, et j’ai une allure de sportive. Par un hasard incongru j’ai les yeux bleus… mais en ce qui concerne le charme je ne suis pas à-même de savoir quel effet je fais aux autres… même si on m’a souvent dit que j’ai du charme. Et moi… comment je la vois… ma femme idéale ? Ou mon interlocutrice mystérieuse ? Je regarde autour de moi pour me donner des idées. Une ado aux cheveux en bataille mâche un chewing-gum, avachie sur un siège. Une femme à l’air sévère regarde son enfant avec des yeux durs, debout au milieu de la rame. Ouais… rien ici. Je regarde sur le quai de la station. Deux jeunes femmes discutent en bougeant la tête pour donner de l’amplitude à leur mèche blond platine sur le front. Non décidemment pas. Une jeune femme d’environ trente ans, appuyée contre le mur me semble convenir. Elle n’est pas très grande, les cheveux châtains foncés, des lunettes à grosses montures noires, et je la vois sourire alors qu’elle regarde son portable. Voilà comme elle devrait être. « Je la vois plus petite que moi, fine et gracieuse, avec de longs cheveux sombres et un sourire à tomber. » La femme sur le quai a eu un mouvement qui m’a attiré l’œil : elle a passé sa main sur son visage et une rougeur incroyable s’est emparée d’elle alors qu’elle regarde son portable ! C’est drôle, je suis sûre que les gens de mon métro m’ont vu comme ça quand… Je me lève précipitamment de mon siège pour me coller à la porte du métro et tente de l’ouvrir. La jeune femme sur le quai a du voir mon mouvement désordonné et a planté son regard dans le mien.

Nouvelle vibration, cette fois sous mes pieds, et mon métro m’emporte vers la prochaine station tant attendue…

 

Texte Pulsy – Illustration Dixie

6 COMMENTAIRES

  1. J’ai adorée ta nouvelle. Intense du début à la fin. J’ai déja payé pour des histoires qui n’avaient pas le quart du style de la tienne. Encore, encore, encore !!! 🙂

    • Je suis absolument ravie que ça t’ait plu ! Moi mon but dans la vie : espérer exciter autant de femmes que possible grâce a ma plume ! Je mets ton nom dans la liste ? 😛
      En tout cas un grand merci ! C’est très flatteur ! 😀

  2. Chris
    C’est un très beau récit, rempli d’émotions très communicatives.
    Un grand merci à toi de l’avoir partagé avec nous.

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