Hussy Naughty Cherry Tree

5

2h du matin. Fièvre au corps, tête perdue dans les notes d’un morceau bien trop simple. La boite de nuit est bondée comme elle l’est toujours à cette heure-là.

Je suis cernée de corps apprêtés pour la soirée. Onyx ne danse pas ; Assise dans une alcôve, elle ne me quitte pas des yeux. J’aime son regard sur moi, brûlant, rendu fiévreux par l’alcool exceptionnel, elle qui ne boit jamais. La vodka lui fait un regard animal. Les basses résonnent dans mon ventre.

Poussée contre l’estrade, je la repère. Cherry-tree a des yeux façon trou noir. Onyx la regarde aussi, appréciant la peau diaphane, les poignets graciles et les hanches dénudées par la danse.

Musique lente et rythmée, je monte sur l’estrade avec Cherry-tree. De mes mains sur ses hanches nues, j’imprime des mouvements saccadés, sans ambiguïté, et elle se laisse faire, manipulée, étrangement consentante.

La musique change encore, transition médiocre vers un rythme plus rapide, plus brutal. Cherry-tree suit mes mouvements, les précède avec la retenue du manque d’habitude qui en crève toutefois d’envie. L’air, la foule, tout devient étouffant une fois redescendues de l’estrade. Les habitués des lieux si nombreux nous poussent contre le mur du fond. Nous sommes enfermées dans une prison de chair remuante et alcoolisée. Elle danse toujours, parcourue par les riffs de ce mauvais rock, les yeux mi-clos.

« Arrête-moi si tu veux »

C’est la seule chose que je lui souffle à l’oreille. Je ne connais même pas son prénom. Je fais sauter le bouton et glisse ma main dans son jean. Elle danse toujours quand je la sens trempée entre mes doigts. Les danseurs qui nous entourent ne voient rien, ne peuvent pas imaginer qu’à quelques dizaines de centimètres d’eux à peine, je caresse cette fille qui tangue, les yeux mi clos, le souffle saccadé. Une bousculade me surprend mais elle retient mon poignet. Pleine autorisation, je glisse deux doigts en elle et elle gémit avec la musique. Elle m’inonde. Je tourne en elle, cherche les points sensibles, me fais plus brutale, plus fort, plus vite, je veux qu’elle décolle ici, en pleine foule, au milieu de ces gens qui ne se doutent de rien. Je l’habite et la possède toute entière. Collée à moi, je sens son souffle court dans ma nuque et je continue. Elle se cambre, agrippée à mes épaules, et se tend sur mes doigts, brutalement, entièrement.

Rapidement, je retire ma main, et vais m’assoir avec Onyx qui s’est dirigée vers une des alcôves les plus reculées de la boite de nuit. De là où nous sommes, la musique nous parvient étouffée et nous ne distinguons que par intermittence les danseurs qui passent. Elle m’a vu faire, et m’embrasse en me mordant la lèvre. Petit rappel inutile signifiant que je lui appartiens.

Quelques minutes s’écoulent. Je suis sûre qu’elle va venir, il ne peut en être autrement. Je le sais comme je sais que jamais une fille n’avait touché cette fille là avant moi. Et effectivement elle est là, sur le seuil de cette petite pièce ronde et reculée bordée de fauteuils aux teintes vives. Cherry-tree semble hésiter, perplexe devant Onyx qui se lève face à elle. Je les observe dans ce face à face. Elles sont si différentes. Onyx relève son col de chemise, elle est toute en muscles, sûre d’elle, acérée comme une lame. On distingue sous le tissu trop fin de la manche son corbeau noir tatoué sur le biceps, qui s’anime, presque vivant. Cherry-tree semble plus fragile, bien moins assurée. Onyx lui cède sa place sur le sofa, fermant derrière elle le paravent qui nous coupe des autres. Barrière futile de papier entre nous et le monde entier.

Comme la fois précédente, je reste en retrait un moment, laissant Onyx déshabiller rapidement Cherry-tree, profitant du spectacle saisissant de ma femme en mode animal, dominante, incisive… Sa main remonte le cerisier tatoué des hanches jusqu’aux seins tandis qu’elle s’agenouille entre ses jambes. Je glisse mes doigts dans les cheveux courts d’Onyx. Dans cette danse-là, comme la dernière fois, elle dominera la partie. J’adore ça, je jouis du pouvoir par procuration et lui maintiens la tête entre ces cuisses frêles qu’elle ouvre pour la première fois. Rien qu’à regarder les traits du visage de Cherry-tree, je sais ce qu’Onyx lui fait. Je la devine jouant avec son piercing contre son clitoris, l’aspirant entre ses lèvres brûlantes, faire sa langue fine et dure pour la pénétrer comme jamais un homme ne pourra le faire. Cherry-tree tressaute, oublie la musique, les gens autour, la possibilité d’être vues, à n’importe quel moment. Le reste du monde n’existe plus, trou noir au creux du ventre ; Je connais ce regard perdu qui ne voit plus le décor, ce souffle qui ne capte plus rien. Et je sais ce qui manque. Prenant la main d’Onyx, je la somme d’emplir cette fille, de l’habiter, fort et vite, deux doigts, trois, plus fort encore. Les hanches de Cherry tree se soulèvent quand les doigts d’Onyx la fouillent, tournent sur le même rythme que sa langue. J’intime de ma main sur sa bouche le silence à cette fille qui ne se contrôle plus.

Elle se tend d’un coup, comme un arc qu’on a trop longtemps bandé, inondant la main qui la tient de lave incandescente.

Petite mort délicieuse.

Des secondes entières d’éternité.

So we sent her to a place in the middle of nowhere with a big black raven, and a cherry tree….

BackRoom Cathy Peylan

Texte de Trinity, Photo Cathy Peylan

5 COMMENTAIRES

  1. Bravo, on reproche toujours aux filles d’écrire le sexe façon bluette. L’histoire est bien construite, la tension excellente sans rien rien de gnangnan !

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