Maude, trans et alors ?

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Maude WeAreLesFilles

Salut, qui es tu ?
Hello hello hello, je m’appelle Maude, vingt ans, marnaise, chromosomes X et Y, un mètre soixante dix-sept pour cinquante et un kilogrammes de pure testostérone à l’heure actuelle. Mais ça va changer, ne vous en faites pas.
 (Et en vrai je n’ai pas autant de testostérone dans le sang hein, c’est juste une expression. Je rappelle que tout le monde, quel que soit son sexe, possède des hormones mâles et femelles dans son corps)

Que fais-tu dans la vie ?
Pas grand chose. Je viens d’arrêter mes études (j’étais en deuxième année de licence d’anglais) parce que déjà je n’aimais pas, je n’étais pas motivée par ça, j’étais pas bonne à ça, et la maille venait à manquer. Quoi qu’on en dise c’est important quand même d’avoir un minimum de sous pour survivre dans ce monde hostile, et aussi pour assouvir mon incontrôlable addiction aux soldes me mettant toujours financièrement dans la merde deux fois l’an. Donc là je cherche du travail. N’importe lequel (si vous en avez pour moi dîtes-le!). Et aussi je milite dans les deux associations LGBT rémoises.

Tu vas où quand tu sors ?
Là où l’on me traîne de force, ou bien certain jeudi dans un bar métalleux où j’ai mes habitudes et où j’aime y retrouver mes amis. Parfois je fais aussi des permanences dans le local d’une association LGBT. Auparavant je sortais souvent dans un squat où j’y animais une chronique sur leur web radio, mais maintenant c’est un peu mort là bas.
 La journée je zone dans les magasins.

Si tu étais … tu serais ?
une couleur : LE ROSE, évidemment! Pour tout le côté kitch et fifille que ça peut représenter. J’ai toujours adoré le violet aussi : un mélange entre le bleu et le rose, entre les garçons et les filles (ou en tout cas ce qui les représente traditionnellement).
un mot : Naze. J’aime bien comment ça sonne. Kitch, aussi: c’est un mot que j’utilise énormément, et vous vous en rendrez vite compte (et je fais beaucoup de parenthèses également).
un défaut : La jalousie. Je supporte difficilement quand quelqu’un est meilleur que moi dans un domaine où je me trouve douée. La flemme peut être un peu aussi.
une musique : Ca varie : j’écoute pas mal de métal (surtout du glam et un peu du power, les genres les plus kitch quoi) mais aussi beaucoup d’incontournables de la pop toutes années confondues. Plus c’est kitch mieux c’est (je vais essayer de me calmer avec ce mot). Je ponctue parfois avec des titres de groupes punk (MAIS SI LES RAMONES C’EST DU PUNK-ROCK, FERMEZ-LA!).
un livre : Je sais que ça la fout mal de dire ça, mais je déteeeste lire (forcément donc ça n’a pas aidé à la réussite de mes études). Lire des livres, en tout cas. Les magazines ça va. Ben oui, y a des images, dans les magazines. J’ai arrêté d’aimer lire justement quand il n’y avait plus d’images dans les livres, en primaire, donc. Si ma mémoire est exacte, un des derniers livres que j’ai lu en entier sans y avoir été forcée pour un devoir à l’école : je l’avais eu en CP je crois comme j’avais réuni le nombre d’images nécessaires (le tarif c’était 10 bons points pour une image, si je me souviens bien): je ne me rappelle plus du titre mais ça racontait l’histoire d’un perroquet qui ne parlait pas, je crois. J’adore les perroquets, ce sont mes animaux préférés avec les crocodiles.
Ah si tiens, un bouquin que j’ai lu y a pas si longtemps aussi pour mon cours de littérature américaine et qui m’a bien plus c’est The Catcher In The Rye. L’Attrape-coeur en français. Je m’y retrouvais un peu dans le style d’écriture et dans les thèmes abordés tout au long de l’histoire.
un alcool : Dire la bière Finkbraü à moins de 1€ le litre chez Lidl serait trop facile. Non, je penserais plutôt à un bon vieux rhum-vanille fait maison : c’est simple à faire, c’est bon, mais c’est chiant de devoir attendre si longtemps que ça marine pour le boire. Ben moi c’est pareil : quand on veut que je fasse quelque chose (et que je le fasse bien), il faut VRAIMENT être très patient.
J’ai toujours un bar bien rempli car j’aime faire des cocktails de temps en temps. Le Mai-Tai est mon favori.

Quel est ton rêve d’enfant ?
Devenir très riche, faire du cinéma et être chef d’Etat, comme la plupart des autres enfants je pense. Au final pour le moment j’en suis très loin.

Tu te vois où dans 10 ans ?
Comme je le dis souvent : en taule ou bien alors je me serais faite descendre (une référence à une réplique de Dewey dans un épisode de Malcolm).

Quelle est ton idée du bonheur ?
Conduire une grosse béhème et avoir les moyens de se permettre de marcher dehors avec de belles chaussures sans avoir peur de niquer la semelle ? 
Non sans rire, je sais que c’est pas très punk de dire ça, mais je suis assez matérialiste. Bien souvent les gens ne comprennent pas que je préférerais avoir une belle auto plutôt que de voyager à travers le monde. Pour moi le bonheur c’est faire ce que l’on aime, bien évidemment, entouré de gens qu’on apprécie, normal, mais tout ça sans avoir à se soucier de ses finances. Surtout si les deux sont liés, et moi ce que j’aime c’est le SHOPPING.

En qui/quoi crois-tu ?
Je crois aux fantômes et aux extraterrestres. Paranormal mis à part, je crois à l’épanouissement par le mariage, même si ça fait très niais et encore une fois pas du tout punk de dire ça. J’aimerais un jour trouver une personne avec qui je me sentirais vivre comme dans un conte de fée, avec un beau mariage et tout ce qui s’en suit, mais peut-être pas beaucoup d’enfants non plus.

Quelle est ta plus grande peur ?
Passer l’arme à gauche. Décéder. Ne plus être de ce monde. Ça me terrifie au plus haut point. Voilà, maintenant je flippe.

Quel est ton meilleur souvenir ?
Sans doute mon séjour à San Francisco, juste avant que je ne décide de devenir une fille. C’était un voyage qui m’avait émerveillée puisque je rêvais depuis toujours d’aller aux Etats-Unis. Mon oncle pilote de ligne m’avait emmenée quelques jours là bas en cadeau d’anniversaire pour mes 18 ans. Bien sûr on a visité tous les plus grands sites touristiques de la ville et aucun passage parmi les lieux gay, mais j’avais dit à ma soeur que je lui ramènerais une robe pour son anniversaire quelques semaines après le mien. On fait la même taille et en rentrant chez moi j’étais animée par une brûlante envie d’essayer cette robe. Au final je m’y sentais super bien dedans, et ça a amené petit à petit toutes les questions qui m’ont fait devenir ce que je suis aujourd’hui.

En quoi te réincarnerais tu si tu le pouvais ?
En humain de Beverly Hills.

Quelle est la qualité que tu aimes chez une femme ?
Savoir se maquiller, se coiffer et accorder sa tenue avec goût, classe et originalité, tout ça sans fashion faux pas. La sophistication, en somme.

Si tu pouvais avoir un pouvoir, lequel choisirais-tu ?
Lire dans les pensées ou voir l’avenir, je sais pas trop.

As-tu une héroïne dans la vie réelle ?
Non, je ne pense pas. Des personnes que j’admire, oui, mais pas de héros ou d’héroïne. Ah si, mon rouge à lèvre favoris, de chez M.A.C : la teinte s’appelle « héroïne », un splendide mauve mat. Il m’a été offert par ma soeur à Noël dernier.

Comment te qualifies-tu, sexuellement parlant ? (lesbienne, bie, trans, queer…)
Et bien je suis transgenre en cours de transition, déjà. Pour ce qui est du reste, quand on me demande le plus souvent je dis que sexuellement parlant je suis plutôt hétéro, comme je possède un pénis (et pour le moment je ne compte pas me le faire opérer) et que donc quand j’ai des relations avec des filles, même si elles aussi me perçoivent comme une fille, je suis un peu obligée de jouer le rôle de l’homme, mais sentimentalement je suis plutôt lesbienne, du coup, comme mon esprit est féminin et que le corps n’entre pas en ligne de compte là dedans. Si je dis « plutôt » c’est parce que j’aime bien aussi les garçons, mais quand même plus les filles, donc je ne sais pas trop si je peux vraiment me dire bie. Au pire c’est juste une étiquette qu’on se donne, comme on dit.

En quoi cela a-t-il influencé ta vie, tes choix ?
Oulah, ça a ENORMEMENT influencé ma vie et mes choix. Pour commencer, me révéler m’a permis de rencontrer des tas de personnes fantastiques. Cela m’a aussi aidée à prendre plus confiance en moi. La personne que j’étais au lycée était totalement différente de ce que je suis maintenant : je m’habillais dans un style plus BCBG (avec toujours quelques pointes d’excentricité), très sage, assez discret, pas super populaire, etc. Déjà à l’époque, tout le monde était persuadé que j’étais homo, ce qui n’était pas vraiment à mon avantage. Je me dis toujours que heureusement que je ne m’étais pas rendu compte de ma transidentité à l’époque, autrement je pense que ça aurait été très dur à vivre avec ça dans mon lycée et avec mes parents. Parfois je me demande, et si je n’avais pas été acheter cette robe à San Francisco? Et si je ne m’étais pas encore rendue compte que j’étais trans? Comment serait ma vie aujourd’hui? C’est amusant de penser à ça parce que presque tout ce que je vis tourne autour de ça en ce moment : ma transition.

As-tu une devise ?
À niveau d’intelligence égale, on s’en sort généralement mieux quand on est beau (c’est de moi).

3 COMMENTAIRES

  1. Enchantée !
    Une question tout à fait intéressée : en tant que maîtresse ES fringues, tu fais du relooking ? Par exemple pour une fille qui ne voit pas du tout le problème de porter des chaussettes avec un bermuda et qui se rase les cheveux elle même (exemple pris tout à fait au hasard, toute ressemblance avec moi même est parfaitement volontaire ^^)

  2. Superbe présentation, bien écrite ( et tout et tout ) on a l’impression d’être dans un bar en train de faire connaissance ( sauf que là, précisément, la moitié du lectorat est encore dans son lit, du moins, moi je le suis, tu tacheras de pas renverser ton rhum vanille sur les drap, ma meuf va râler ou te forcer à faire comme la pimpeche de la pub vanish enfin, ça va pas te plaire ). Bienvenue dans l’équipe, bises, cottillons, mazel tov et perlimpimpin.

  3. Style vestimentaire sophistiqué, amatrice de glam metal …
    Maude, as-tu songé à relooker Dee Snider (ou ne serait-ce que lui expliquer les bases fondamentales du maquillage) ?

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