L’histoire vraie d’un coming out raté

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coming-out-pulsy
© LuD

Le coming-out a toujours été (et sera toujours) une étape décisive dans la vie d’une lesbienne ou d’un gay. Parfois cela débouche sur des disputes ou mieux sur des pleurs de bonheur et de compréhension. Mais en ce qui me concerne, ça a toujours été un échec.

Oui, raté ! J’ai échoué lamentablement. Je suis une parodie de coming-out ! Je n’y arrive pas ! Je crois que je suis maudite… D’ailleurs je songe tout simplement à m’accrocher une pancarte « lesbian inside » autour du cou. Quoique… même pas sûre que ça fasse l’effet escompté !

Mais laissez-moi vous conter ça…

Acte I, scène 1

À 18 ans, quand, forte d’une semaine de relation avec ma première copine, je décidais de tout dire à mes parents, je dus faire face à mon premier moment « what the fuck ». Je fonçais dans le salon, gonflée à bloc, des tremblements irrépressibles me secouant le corps, une sueur froide faisant coller mon T-shirt à mon dos.

– Maman, papa ! Il faut que je vous dise : j’aime les femmes !..
– Non.
– bah si quand même quoi… j’suis lesbienne quoi…
– Non.

Je retournais dans ma chambre sans avoir vraiment bien compris ce qu’il venait de se passer. Bon bah… non alors ! Mais tout de même… j’avais bien l’impression que si !

Péripéties diverses

Je mis ensuite mes camarades de fac au courant. J’aurais pu ne rien leur dire, mais j’avais déjà trop parlé de mon « copain » à toutes les filles. Et franchement, je n’arrivais plus à savoir si je leur avais décrit brun, blond, champion d’haltérophilie ou encore tueur à gage sicilien ! Il me fallait donc tout avouer. Bien sûr j’avais cette peur bien compréhensible du rejet, mais là n’est pas le sujet. Un midi, alors que j’essayais bravement de répondre aux nombreuses questions dont mon mystérieux copain faisait l’objet, je décidais de tout lâcher.

– Les filles… vous savez mon copain…

Gloussements dans l’assistance.

– Bah en fait… c’est une fille.
Blanc général.

– Voilà voilà…
Et les rires commencèrent à fuser.

– Oh la la Pulsy ! T’es trop drôle comme fille vraiment ! Tu nous fais trop rire !
– C’est clair Pulsy ! Bon alors et ton copain ? Raconte !
– Pulsy ! Encore une de tes blagues ! J’adore !

J’ai mis un mois à les convaincre. Elles l’ont très bien pris, mais elles ont fait preuve d’une suspicion peu commune[1].

Quelques années plus tard, lors d’une goudou party chez une amie, je me trouvais entourée de lesbiennes ne connaissant pas mon orientation sexuelle, mais c’était une goudou party non ? Tentant de détendre l’atmosphère je décidais de faire une petite blague sur les gay. Bah oui, on a bien le droit entre nous ! […] Oh la la… mais que n’avais-je pas fait ?! Une quinzaine de lesbiennes en chemises à carreaux montrant les dents m’entoura tout à coup.

– Hey mais qu’est ce qu’elle a l’hétéro ?!

– Ouais c’est quoi le problème ??

J’étais perdue ! J’allais me faire dévorer toute crue… ou peut-être même me faire sacrifier sur l’autel de Sainte Shane McCutcheon ! Ma sauveuse fut mon amie, qui se jeta sur moi tout en me pelotant copieusement les fesses, hurlant à plein poumons que moi aussi j’étais une bouffeuse de ch…….. bref ! Vous voyez quoi ! On me détailla de la tête aux pieds, jugeant que mon apparence physique ne concourrait en rien à affirmer ma sexualité multicolore[2].

Si seulement je n’avais que ces trois grains de sable…mais j’en ai eu des pelletées ma bonne dame !

Fin pleine de suspense

J’ai donc une incapacité chronique à faire mon coming-out proprement. En tout cas une chose est sûre : mon coming-out est (presque[3]) toujours pour moi un moment totalement « what the fuck » et ça m’amuse terriblement ! Je me demande comment ça se passera la prochaine fois…

[1] Elles ont même cru que j’avais demandé à une amie de jouer ce rôle « pour de faux »… *snif*

[2] Je vous conseille à ce sujet l’excellent spectacle d’Océane Rosemarie « La Lesbienne Invisible »

[3] Mais ceci est une autre histoire, vous vous en doutez bien

coming-out-pulsytexte Pulsy, illustration LuD

2 COMMENTAIRES

  1. Je ne sais pas si je ne suis pas en train de me mettre dans les emmerdes mais ce que je lis, c’est le papier d’une jeune femme qui visiblement ne sait pas comment dire ce qu’elle a à dire aux gens à qui elle veut le dire. Simplement. Sans blablas. Sans se donner un style.

    Le problème n’est peut être pas dans le coming-out mais dans le regard que tu portes sur toi. Du coup, quand tu sors un truc (genre ton analyse de la gouine, forcément naturelle, forcément anti-gay etc), ça tombe à plat parce qu’au lieu de parler de toi, tu enfiles les clichés comme les tarlouzes enfilent des perles. Si tu vois ce que je veux dire.

    Enfin, je passais par là et je lisais ce papier fort intéressant … Tu peux poser ta blague ou ton coup de gueule sur les gays, maintenant.

    Cordialement (si si), M.

    PS: cela dit, t’as le droit d’être une lesbienne bucheronne poilue odorante et anti-gay … O:-)

  2. Je dois dire que je suis impressionné. Très impressionné. Je m’attendais à beaucoup de choses, mais pas à cela. Fécilitations.

    M.

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