Parents d’homo – Joëlle et Jean-Philippe

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© LuD

Quand on est homo, on a la chance, quelque part, de le voir venir. J’entends par là que le chemin souvent fort désagréable que l’on doit faire avant de vivre pleinement sa vie va souvent de quelques mois à plusieurs années. Quand on est parent et que l’on découvre que son enfant est homo, on se le prend en général en pleine figure et le chemin vers l’acception est parfois long. Nous donnons la parole aux parents…

1 – Vous avez un enfant homo, comment l’avez-vous découvert et quelle a été votre réaction à ce moment là ?
Joëlle : On l’a découvert quand notre fille nous a annoncé nous avoir « emprunté » l’équivalent de 300€ de notre compte en banque pour recharger son compte de télécommunication et envoyer des sms à sa petite copine de l’époque.
Jean-Philippe : Ça m’a fait rire, j’ai trouvé ça original, singulier, hors du commun, ce que j’apprécie pour toute chose.
J : Ça ne m’a spécialement surpris, ça fait longtemps qu’on en parlait, qu’on la voyait très « masculine » dans son look, dans ses goûts, et cela paraissait du coup dans l’ordre des choses, dans la suite logique. Dans l’idée, cela ne me gênait pas du tout, ça a commencé à être plus délicat quand j’ai été confrontée à sa relation physique avec une autre femme.

Je n’étais plus la seule femme dans sa vie en fin de compte…

2 – J’imagine que vous vous êtes posé plein de questions. Vous rappelez-vous de certaines de ces questions ?
JP : Non aucune, sauf peut-être la manière dont on allait l’annoncer à mes propres parents, plutôt réservés sur le sujet. Par ailleurs, ils l’ont finalement bien pris.
J : J’ai eu des appréhensions, pas des questions. J’ai eu peur pour elle car je cernais le regard des gens, de la société, de certains amis, sur ma fille et j’avais peur qu’elle en soit blessée. J’ai encore parfois peur pour elle. Je craignais à l’époque que les gens ne soient pas aptes à apprécier tout ce qu’elle avait à donner en tant que femme lesbienne. Heureusement, nos amis proches nous renvoyaient une image très positive de notre fille.

3 – Qu’est-ce que cela a changé dans votre vie ?
JP : Un regard peut être un peu plus ouvert sur l’homosexualité en général.
J : Rien, sauf qu’il a fallu obliger, contraindre un peu certains membres de la famille à accepter notre fille telle qu’elle est.

4 – Avez-vous à l’époque craint la réaction de vos proches (famille amis voisins…) à cette nouvelle? Et maintenant?
JP : À aucun moment, sauf la réaction de mes propres parents.
J : Pas tous. Nous craignions de manière un peu exagérée la réaction de ses grands-parents, à qui il a fallu « imposer » en quelque sorte cette situation. Il a fallu faire un peu de forcing dans l’intérêt de notre fille, lui ouvrir des portes, et puis finalement cela s’est bien passé.

5 – Annoncez vous maintenant facilement que votre fille/fils est lesbienne/gay/trans?
JP : Oui, très facilement, même si parfois je bute un peu pour dire «ma fille et sa femme». Avec certaines personnes, assez âgées ou traditionalistes, c’est parfois un peu délicat.
J : Je l’ai toujours annoncé clairement et facilement, depuis le jour où je l’ai moi-même appréhendé, depuis le jour où j’ai mis des mots sur ce qu’elle était. Cela ne m’a jamais posé problème.

6 – Quand vous êtes témoin d’homophobie (à la télévision, dans certains discours, dans la rue..), quel est votre comportement?
JP : Comme avant le coming out de ma fille, cela me gêne beaucoup.
J : « Ça me fout les boules ». C’est horripilant. L’intolérance m’a toujours choquée, de manière générale et ceci pour toutes les formes d’intolérance. La notion de justice et d’équité est très exacerbée chez moi qui ai une formation de juriste à la base.

7 – Si vous aviez un ou des conseils à donner à des parents qui découvrent que leur enfant est homo, quels seraient-ils ?

JP : De nous appeler ( 😀 ) pour pouvoir leur dire que cela n’a aucune importance.

J : De laisser la parole libre, d’écouter ce que chacun a à dire, sans porter de jugement qualitatif sur cette situation. A partir du moment où les choses sont dites, les rapports sont très simplifiés, les conflits sont annihilés. C’est vrai pour toutes les réactions humaines.

8 – Avez-vous des petits enfants ?
JP : Oui, 2 : le fils de ma plus grande fille, et la fille de la femme de ma plus jeune fille 🙂
J : Oui, j’en ai 2.


 

Comme Joëlle et Jean-Philippe participez à la visibilité ! Votre enfant est homosexuel. Il ou elle a déjà fait ou non son coming out. Témoignez, partagez, votre expérience est importante ! Téléchargez le questionnaire ici.

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© LuD

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