Les lesbiennes et les enfants

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Je vais répondre avec les doigts tremblants de maman que je ne serai sans doute jamais. Où quand faire un enfant demande l’accord de gens que tu ne connais pas. Violente intrusion dans l’intime, n’est-ce pas Christine et Ludovine ?

Pour toutes les rebelles de la maternité, les pirates de l’amour filial, la résistance s’est organisée et les techniques sont déjà connues.
Checklist de la mission PMA mon amour :
• Trouver un(e) gynéco compatissant(e) (taper gynandco sur google ça peut aider) ;
• Se renseigner sur les lieux susceptibles d’accueillir votre forfait (Clinique Eugin à Barcelone, l’hôpital Erasme à Bruxelles ou la Storkklinik à Copenhague par exemple) ;
• Savoir booker son sac et un train dispo en 3 secondes dès que notre fertilité est high-level ;
• Claquer son salaire et serrer les fesses !
Et cela autant de fois que votre cœur est capable de tenir l’insoutenable suspense enceinte ou pas, que vos finances peuvent supporter vos escapades, que votre corps sait gérer les pics d’hormones et l’horloge biologique.

Bien sûr, pour les guerrières de la débrouille, il est également possible de faire un enfant « maison » plutôt qu’un enfant « Thalys ».
Dans ce cas, il vous faut attraper un mâle au lasso et le traire. Ou, moins violent, demander à un ami de partager son capital génétique avec vous, c’est plus safe. Ensuite, munissez-vous d’une grosse seringue préalablement remplie de ce précieux liquide et zou. Laissez mijoter votre douce les jambes en l’air pendant une demi-heure et démouler 9 mois plus tard après moult incantations.
Ça coûte moins à condition d’être très regardante sur la santé du monsieur (coucou le VIH et son cortège de MST) et d’avoir bien discuté du rôle futur du géniteur auprès de l’enfant. Ça change tout d’élever un môme à 2, 3 voire 4. Ne négligez pas les envies de paternité, elles peuvent être autant chevillées aux cœurs des hommes que les nôtres. On est dans le même bateau !

À tous ceux qui gueulent à l’égoïsme de ces homos qui veulent un enfant comme on désire une fringue de marque, je ne leur souhaite pas de vivre ses montagnes émotionnelles fragilisantes.
À tous ceux qui croient que c’est un vulgaire caprice, je rappellerai que certains d’entre eux sont devenus parents dans les chiottes d’une boîte ou à l’arrière d’une voiture.

À tous ceux qui s’offusquent qu’il faut laisser la nature décider, j’évoquerai ces couples stériles que l’on aide légalement à procréer en France. Ils souffrent oui. Nous aussi. Et encore plus de devoir devenir des délinquants pour concrétiser notre amour.

On a souvent entendu que l’homosexualité était un choix : on avait choisi de vivre dans la marge. De fait, fallait pas s’étonner de ne pas avoir les mêmes droits. Vaste connerie.
Nous sommes punis de vouloir vivre libre. Interdiction donc de se reproduire. Et quand nous y parvenons malgré tout, nos enfants à leur tour sont victimes d’inégalité. Mais ce qui compte VRAIMENT c’est « l’intérêt de l’enfant » bien sûr. Et sinon il paraît que c’est de la semence de sodomite dans les cafés latte Starbucks… Allez je te laisse, je vais rire avec Zaz sous l’occupation. Bisous.

Ne revenons pas avec aigreur sur le terme de « choix ». La notion de marge est plus importante ici. Cet espace flou où se regroupent les exclus, les fous, les artistes ; cette banlieue du monde « normal » où s’entassent les indignés, les révoltés, les désaxés qui plient mais ne rompent pas. Le vrai crime serait de ne pas permettre à tous ces roseaux pensants de semer leurs graines.

Et nous raconterons à nos enfants comment le terrain vague est devenu fertile, comment de la banlieue a germé une terre du milieu.
Bonne nuit les petits.

Pour mon amour
@Mdessine

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