Quand ma copine m’a parlé de PMA, au début, je n’ai pas compris. Je me demandais ce que foutais le Pari Mutuel Urbain dans cette situation. Allais-je devoir parier sur une jument et gagner ?
“A ! Comme dans abrutie !” m’expliqua “calmement” ma copine.
Un peu plus tard, tranquillement assise sur les toilettes, parcourant internet avec délectation, je tapais le fameux mot dans ma barre de recherche.
PROCREATION MEDICALEMENT ASSISTÉE
Intéressant. Je sortis assez promptement de la salle de bain et me plantais devant ma copine, lui brandissant la page Wikipédia intitulée PMA.
– Oui chérie ?
– Pourquoi tu m’as parlé de ça ?
– Pour faire un enfant avec toi.
– Ok.
J’ai pris mon manteau et je suis sortie. Il y a trois sujets sur lesquels ma copine ne plaisante jamais : la Shoah, les enfants, et la quantité de beurre dans un kouign amann. Je savais donc qu’elle était affreusement sérieuse.
Un enfant ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi avec moi ? Avions-nous décidé d’être ce genre de couple ? Est-ce que je suis prête ? Ne suis-je pas trop jeune ? Non, 31 ans, ce n’est pas trop jeune, c’est la moyenne maintenant. Mais je sais à peine m’occuper de moi… Qu’est ce que je vais faire avec un petit être affamé ne sachant m’envoyer un email pour me dire de venir le nourrir ?
***
Je suis rentrée l’esprit toujours aussi embrumé. Ma copine m’a apporté une bière et s’est assise à mes côtés. Elle a trinqué avec moi, puis a allumé la télévision, le front lisse de tout soucis.
Comment fait-elle cela ? Ne serai-je pas une autre enfant à charge pour elle ? et si… Et si nous décidions que ce soit à moi de porter l’enfant ? Suis-je assez bien pour donner la vie ?
Quelle lourde responsabilité… N’est ce pas plus simple de replanter un chêne centenaire ou de bâtir un château plutôt que de fonder un foyer ?
Je me plantais à nouveau devant ma copine :
“Ok.”
Elle prit une gorgée de bière.
***
“Tous les voyants sont au vert mesdames !”
Ce gros médecin belge débonnaire m’inspirait la confiance, ainsi qu’une irrépressible envie de frites. Ma copine pressa ma main avec un sourire.
– Tu es contente ? me demanda-t-elle.
– Qu’est ce que ça veut dire au juste ?
Elle m’embrasse sur la joue, et ses lèvres effleurèrent mon oreille.
“Je crois que tu es enceinte mon amour…”
Mes mains s’agrippèrent à mon ventre, et mon cerveau fit une pause. Recouvrant le lien entre mon cerveau et ma bouche, je laissais échapper un léger soupir.
Ainsi les mystères de la nativité m’apparurent. La Vierge Marie avait usé de la Procréation Divinement Assistée et le même miracle nous frappa toutes les deux.
Le regard de ma copine était plongé dans le mien. Elle attendait une réponse. Elle attendait un signe. Et comme si le petit être niché au creux de mon ventre m’envoyait déjà des sourires, le mien a fleurit sur mon visage, et s’est reflété dans les yeux de ma compagne.
“Bon, on va manger des frites maintenant ?”
texte Pulsy, illustration LuD
