LGBT à San Francisco, épisode 1

On vous emmène à San Francisco - épisode 1. Invitée par Homomicro, je me lance dans la chronique radiophonique...

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Chroniques de San Francisco

Je vous invite à suivre le premier épisode des Chroniques de San Francisco enregistré le 10 novembre 2015 sur Homomicro, la plus ancienne et la plus écoutée émission de radio francophone consacrée à l’actualité de la communauté LGBT.

La chronique à lire :

Quand je suis arrivée à San Francisco, il y a un peu plus de deux ans, tout me paraissait mal fait, pas pratique, compliqué. Des collines dans tous les sens, monter descendre, monter, descendre – je n’avais pas de voiture à ce moment là.

Les lignes de métros se transforment en tramways pour se retrouver au milieu de la chaussée. Du coup, tu te retrouves au milieu des voitures quand tu en descends, avec un enfant, c’est pas du tout stressant.

Ou alors ouvrir une ligne de téléphone peut prendre des heures, car quand tu n’as pas de crédit aux USA, on te soupçonne de ne pas être un bon payeur. Donc pour montrer patte blanche ici, il faut avoir des dettes. Ce qui peut paraître complètement dingue pour nous français.

Sans crédit, la caution demandée prend aussi une sacrée inflation et pour le même prix les employés se trompent dans votre nom. Et oui, à cause du correcteur automatique de leur Ipad. Vous savez le truc qui vous fait écrire des mots auxquels vous n’aviez jamais pensés, surtout quand il s’agit d’un correcteur américain. Les noms français s’américanisent automatiquement. Parce qu’ils ne font pas les choses à moitié au pays de la Silicon Valley, ils mettent même le correcteur sur les noms propres.

Bref quand tu arrives, c’est vraiment une ville bizarre. Ça dépend bien sûr d’où tu viens mais moi je venais de Nouvelle-Zélande. Je ne vais pas dévier sur la Nouvelle-Zélande mais plus pratique, plus facile à vivre, plus accueillante, je vous mets au défi de me sortir le nom d’un pays ou d’une ville qui ferait concurrence.

Donc San Francisco, comme beaucoup, j’avais lu les chroniques d’Armistead Maupin et j’avais fumé par procuration les joinTs de chez Mme Madrigal.

J’avais aussi descendu ses rues en trombe aux côtés de Clint Eastwood, bon quand tu le fais à pieds dans le sens de la montée, c’est moins fun. Et puis un jour, j’ai croisé un cafetier, enfin ce qu’on peut traduire comme cafetier en français mais qui n’a pas grand chose à voir avec nos cafetiers français. Car le café Américain, c’est de la flotte, d’ailleurs depuis, je bois café avec du lait histoire d’avoir l’impression de boire quelque chose. Bref ce cafetier me dit

« Tu vas voir San Francisco, c’est peut être étrange au départ, mais tu vas adorer ».

Et le monsieur n’était pas gay. Non, mais il était étranger, genre immigré. Et à San Francisco, il s’était senti enfin avoir le droit d’être lui. Sentiment que je ressentirai moi-même quelques temps plus tard. Et ça en dehors de toutes les critiques que j’ai pu sortir en commençant, ça n’a pas de prix.

Quand je dis, avoir le droit d’être lui, d’être moi, d’être nous, je m’explique. À San Francisco, personne ne vous juge sur votre apparence, sur vos origines ou votre orientation sexuelle.

À San Francisco, être gay ou lesbienne, c’est ok, même plus qu’ok, c’est normal.

Faire ton coming out devient même parfois carrément bizarre. Moi j’avais pour habitude, depuis que je suis maman, de dire à tout le monde que j’étais lesbienne, que mon fils avait deux mamans. Histoire que tout soit clair pour tout le monde. Pas forcément à la boulangère – il n’y en a pas à San Francisco ça règle le problème – mais à l’école par exemple, à la maitresse, ça me semblait bienvenu de la mettre au courant. Alors pour commencer j’ai fait mon coming out auprès de la directrice de l’école, je lui ai dit qu’on était super open pour expliquer et en parler au besoin. Elle m’a regardée d’un air étrange.

Forcément avec mon passé de française, je m’attendais à un « désolée, on ne va pas pouvoir prendre votre fils dans notre école » mais au lieu de ça elle me dit « pas de problème, tu sais dans la classe il y a une autre petite fille qui a deux mamans et la maîtresse est gay ».

Je vous parlerai, dans un prochain épisode, des pétards et drogues diverses une autre fois. Tout comme les fleurs qu’on vous offre dans la rue juste pour vous souhaiter une bonne journée. Ou alors la Folsom Fair, grande manifestation de rues sur 5 ou 6 blocs, où le cuir est le bienvenue et où vous êtes very welcome pour une fessée publique. Ou justement le fait d’être nu en ville est totalement autorisé, seul l’anus doit être couvert pour des questions d’hygiène. Ou, la Pride qui dure 1 mois entier, les différents quartiers, comme Castro pour les Gay et Bernal Heights pour les lesbiennes avec enfants, la coiffeuse Barberella…

Bref, le cafetier avait raison, San Francisco j’adore.

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