« En Algérie, on vit son homosexualité en cachette »

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Ilhème, 23 ans

« Je suis une jeune enseignante algérienne et j’ai une petite amie. Je suis lesbienne, mais j’ai choisi de taire mon orientation sexuelle à mes proches et à ma famille, qui considèrent l’homosexualité comme un crime. Je ne peux pas prendre le risque de la dévoiler dans une société qui n’admet pas que deux personnes du même sexe puissent vivre un amour pur. Alors je la vis en cachette, comme c’est le cas pour la plupart des lesbiennes en Algérie. Étant donné qu’ici, on ne quitte pas le domicile familial avant d’être mariée, pour l’instant, je suis dépendante de mes parents. J’aurais envie de dévoiler mon homosexualité, mais si je le fais, je perdrais ma famille. J’ai des frères et sœurs, mais ma propre génération n’est pas plus ouverte, ni compréhensive. Ma sœur aînée a des doutes depuis le temps que je refuse le mariage en répondant à ma mère que je ne suis pas prête. J’ai eu beaucoup de propositions et la pression est très forte. Mais jamais je ne me marierai – plutôt mourir ! Mon rêve, c’est d’aller en Europe pour vivre pleinement et librement mon homosexualité ; j’attends juste d’avoir assez d’argent et de liberté pour pouvoir fuir la pression familiale et sociale. Si j’avais le choix, je resterais, mais la triste réalité c’est que je ne peux pas.

C’est très dur d’être homo dans un pays islamique, surtout en Algérie. L’homosexualité est punie par l’État, et l’espoir qu’elle soit acceptée un jour est minime. Aux yeux des gens, être lesbienne c’est être abominable et même une pute. Selon le Coran, c’est haram – un péché. Je souffre aussi de cela, mais ce n’est pas un choix que j’ai fait, c’est plus fort que moi. Alors que Dieu me pardonne si je commets un péché en aimant les femmes.

Comme ici on ne peut pas afficher son orientation sexuelle, le seul endroit où l’on peut être soi, c’est sur internet. Les réseaux sociaux permettent de faire des rencontres, de partager son quotidien sans risque et sans peur d’être jugée. La situation de mon amie est proche de la mienne. Pour avoir un peu d’intimité, c’est chez moi quand il n’y a personne ou à l’hôtel quand je peux me déplacer. Il n’y a pas de lieux où l’on peut vraiment s’afficher. Le milieu de la nuit est un peu plus tolérant. Se tenir la main, ça va, mais si on s’embrassait, ce serait la fin pour nous. Notre relation dure depuis bientôt quatre ans. Je suis fière et courageuse : j’attends juste le grand jour. Celui où je partirai à l’étranger pour pouvoir vivre avec celle que j’aime, car elle est tout pour moi. »

2 COMMENTAIRES

  1. Toutes mes pensées positives enrobées a vous si courageuses et souhaitant que vous puissiez vivre sereine en paix plein de belles choses.

  2. Je vous souhaite de tenir bon et que vous puissiez connaître ce bonheur d’aimer librement! Il faut beaucoup de foi pour préserver ce que l’on est dans un environnement si hostile! Des pensées positives pour vous!

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