On a repéré pour vous : Denyse Juncutt

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La première fois que j’ai vu Denyse Juncutt, c’était à Annecy lors d’une soirée organisée par un collectif lesbien. On avait échangé quelques mots sur internet, pour un article que j’écrivais sur les soirées LGBT. Pour tout avouer, je n’ai pas osé lui parler. Je savais qui elle était, et elle m’impressionnait.  Denyse Juncutt, c’est un peu cette fille qui fait de tout ce qu’elle touche un petit bijou. Des photos, des vidéos, et surtout son blog DEAD DISCO : elle a le talent de transformer ce qu’elle vit en art, sans même en avoir l’air. S’il ne devait y avoir  qu’une  seule bonne résolution à prendre en 2016, et s’y tenir, ce serait de suivre l’actualité de Denyse Juncutt.

Denyse a commencé à organiser des soirées en 2005 au sein du collectif Barbi(e)turix, aux côtés de Katia Negri. En 2011 elle organisera en solo les Plaisir Coupable, Gaston et Pimp my Gaston. Katia et elle se retrouvent cette année pour organiser ensemble  AMOUR SAUVAGE  qui aura lieu le 6 février au Glazart : « C’est notre cadeau avec Katia, le moyen de nous retrouver avec l’envie de refaire un projet ensemble.»
Pour AMOUR SAUVAGE, elles ont voulu redonner du sens aux soirées pluridisciplinaires, avec un public et une programmation mixte. Katia et Denyse sont très complémentaires sur leurs goûts musicaux, sur leurs attentes quant aux soirées et ce qu’elles souhaitent y trouver.

Même si AMOUR SAUVAGE est une soirée clairement queer, leur but est que « tout le monde s’amuse, peu importe votre genre et votre sexualité. C’est le moment de nous rassembler. » Et forte de ces années de directrice artistique et de DJ, Denyse mise sur le son et l’envie de faire venir de bons artistes avec de bonnes prods. Est-ce que ça change quelque chose d’être une femme lesbienne quand on est DJ et qu’on organise des soirées queer ? Evidemment. Denyse parle du fait d’être gouine comme d’une chance. « Etre lesbienne m’a rendue curieuse et donc probablement intéressante »

Et intéressante, elle l’est. On a envie de lui parler de ses photos, de ses vidéos. On reconnaît vite une certaine « patte », une forme de sensibilité assez pudique qui se dégage de ce qu’elle créé. photo2Elle raconte être passée d’un média à un autre assez naturellement, même si les DJ sets l’ont toujours accompagnée. Pourtant être DJ, n’a jamais été pas un plan de carrière, de même pour la photo. Malgré plusieurs expositions, elle ne se dit pas photographe. À l’époque où elle diffusait ses vidéos You Should Be Me, elle n’avait pas besoin d’autorisation, les choses étaient plus simples et elle n’aurait plus la même liberté aujourd’hui. C’est pour AMOUR SAUVAGE qu’elle est repassée derrière la caméra.  Si Denyse est une artiste complète, touche à tout,  elle l’avoue : « le fil conducteur restera toujours l’écriture ».

Denyse écrit : « Je suis un diamant brut pour tout psychologue qui passera par là ». En fait, c’est un diamant brut pour toute personne qui aime les belles formules, les punchlines élégantes. Ce n’est pas facile d’écrire au sujet d’une fille qui écrit. Ses mots ont la simplicité des grandes plumes. C’est de la littérature là où on ne l’attend pas. Smoking kills puis Dead disco. Des noms qui frappent, qui claquent. Des noms qui trahissent déjà la mélancolie qui nourrit les textes de leur auteure.  Elle raconte des bouts de sa vie, les attentats de novembre, les projets, les filles.

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Plus raisonnable, plus adulte que le blog qu’elle tenait par le passé, Smoking Kills,  DEAD DISCO, auquel elle a joliment attribué le sous-titre « Chroniques du bal perdu », c’est bien la mort d’une époque, le blog de la maturité : elle y parle moins de clubbing mais elle renoue là avec l’écriture. Une écriture à la fois fragile et nerveuse.  Quelque chose d’un peu suspendu entre l’éphémère et la durée. Quelque chose qui correspond bien au format du blog.  Quand on la lit, on a l’impression d’ouvrir une fenêtre sur l’intime, de tirer le coin d’un rideau, et cela a la saveur d’une indiscrétion. On est touché de retrouver un blog intimiste, bien écrit. Le genre de blogs qui avaient disparu, faute de bloggeur.se.s pour les nourrir. « Ceux qui les tenaient  se sont lassés, ils sont passé à autre chose, ils n’avaient plus rien à raconter, plus envie de partager», explique-t-elle. Son blog, c’est une psychanalyse, des carnets que tout le monde peut lire où elle épanche des sentiments toujours pudiques. Elle parle de son blog comme d’une seconde chance littéraire et elle savoure de pouvoir profiter de ce doux égocentrisme qui alimente ses posts. Elle raconte qu’après ces années de silence, d’anciens lecteurs de Smoking Kills la recontactent pour lui dire leur joie de la lire à nouveau.

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En parallèle des soirées qu’elle estime éphémères,  l’écriture lui apporte quelque chose de différent, c’est un projet dont elle est fière, c’est ce qui restera. Elle se sent prête à donner à ce projet une nouvelle dimension. Pourquoi pas un livre, un roman ? Elle s’en sent capable et à la lecture de ses mots qu’elle nous laisse attraper au vol, à intervalle régulier, on a envie de lui dire que nos doigts frétillent déjà à l’idée d’effleurer d’autres pages qu’elle aura signées de sa main.

Ses posts sont à lire sur  DEAD DISCO

Ses photos sont sur Instagram 

Et toutes les informations sur AMOUR SAUVAGE sur Facebook

Crédits photos : Denyse Juncutt

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