« Au Québec, dès l’accouchement, le nom des deux mamans est inscrit sur l’acte de naissance »

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 « Je m’appelle Eliane, je suis en couple avec Jessy, une Française, depuis six ans. Nous avons une petite fille d’un an et nous vivons à Montréal. Voici notre histoire.

Nous nous sommes rencontrées en France, alors que je faisais une tournée d’improvisation avec une troupe de théâtre québécoise et que nous participions à un tournoi international à Chambéry. Jessy était présente en tant que photographe sur cet événement et il semble que j’ai attiré son objectif… Nous étions de passage dans la région pendant cinq jours. Au bout de trois, nous nous sommes fait des avances et nous avons passé la dernière nuit ensemble, sans savoir si on se reverrait un jour. Inutile de dire que le matin du départ, sur le quai de la gare, nous étions déchirées. Jessy vivait alors en Corse et moi outre-Atlantique. Nous avons gardé contact et finalement, Jessy est venue au Québec cinq mois plus tard, munie d’un visa vacances-travail.

C’était en janvier 2010. Nous nous sommes mariées en septembre de la même année par amour, mais aussi afin de faciliter l’obtention des papiers de résidence pour Jessy. Après deux ans, nous avons commencé les démarches afin d’avoir un bébé. Au Québec, la procréation assistée est en partie couverte par la sécurité sociale et accessible à tous, homosexuels ou hétérosexuels. À l’époque, l’achat de sperme était même remboursé par l’État. Comme je suis un peu plus âgée que Jessy et que j’ai un poste qui donne accès à un congé de maternité confortable, c’est moi qui ai été candidate pour les inséminations intra-utérines. Nous avons choisi le donneur sur internet, dans une banque de sperme américaine. Nous étions confiantes, certaines que d’ici quelques tentatives, je serais enceinte d’une petite merveille. Mais ça ne s’est pas passé ainsi…

Après treize inséminations intra-utérines avec des stimulations ovariennes et une fécondation in vitro, le verdict tombe ; je suis déclarée stérile. Les médecins n’avaient pas de diagnostic précis alors on parlait d’infertilité inexpliquée. Cela faisait deux ans que nous étions suivies dans une clinique de fertilité. Pendant cette période, Jessy s’est fait diagnostiquer un cancer de la vessie. Heureusement, elle a été opérée à temps, mais les risques de récidive pour son type de cancer sont élevés. Son médecin lui déconseille de porter un enfant avant d’avoir cumulé cinq ans sans récidive. C’était le cul-de-sac ; nous étions découragées. Comment fonder une famille ? Nous étions sur liste d’attente pour l’adoption mais au moment où j’écris ces lignes, il reste encore plus ou moins cinq ans avant qu’une telle procédure n’aboutisse.

C’est alors que notre médecin traitant nous a proposé de prendre les ovules de Jessy et de les féconder in vitro afin de me transférer l’embryon obtenu. Comme je pouvais très bien porter un bébé mais que mes ovules ne se fécondaient pas et que Jessy ne pouvait pas porter un bébé bien que ses ovules semblaient sains, c’était notre seule chance!  Et ça a fonctionné du premier coup ! J’ai donc porté un embryon formé avec l’ovule de ma douce. Et en janvier 2015, deux ans et demi après le début de notre parcours en clinique de fertilité, j’ai accouché de la plus merveilleuse petite fille au monde ! Nous sommes maintenant deux mamans et un petit bébé miracle. Nous formons une vraie famille, puisqu’au Québec, dès l’accouchement, le nom des deux mamans est inscrit sur l’acte de naissance.

Nous remercions notre fille tous les jours d’avoir fait de nous, enfin, une famille. Et avons entamé les démarches afin de lui donner un petit frère ou une petite sœur. »

2 COMMENTAIRES

  1. totalement d’accord!Une histoire qui encourage les femmes avec les problemes d’infertilite. Sauf les souffrances lie au manque d’enfant, ici en France il est defendu d’avoir acces au PMA pour les couples des femmes et les celibataires. Et c’est dommage!Ma copine celibataire est allee en Ukraine pour le programme de don d’embryon car en France c’est impossible(((

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