Aphro, imagine un peu…

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Et si en rentrant d’une de nos soirées, l’alcool et la fatigue t’apportaient suffisamment de résilience pour laisser parler ton inconscient, celui qui te chuchote certaines nuits des rêves d’une douceur saphique… Et si j’étais celle qui te faisait basculer… Imagine…

Avec ou sans musique, c’est comme tu veux…

Ivres de vodka et de danse, on se couche enfin à l’étage, dans ce brouillard des fins de nuit qui rend toute chose possible. Je te regarde t’agiter autour du lit en sous-vêtements. Tu poses tes lunettes ce qui donne à tes yeux cet aspect immense et brillant. Tu es magnifique. Une peau de miel, chaude et sucrée. Tu te couches à mes côtés, frigorifiée. Lumière éteinte.

On parle, on refait le monde comme à chaque fois, et les mots se raréfient avec le sommeil qui approche. Dans l’obscurité de la chambre, je t’écoute respirer. Tu te tournes sur le côté et me tourne le dos. Je devine sous le drap la courbe de ta hanche, hésite de longues minutes avant d’y poser ma main. Et j’attends. Ton souffle s’est interrompu, fauché par le contact de ma peau, et je compte les secondes interminables avant de savoir. Ta respiration reprend, calme et profonde. Tu n’as pas bougé. Tu n’as rien dit. Tu me donnes le droit de continuer.

Je me rapproche de toi, et du bout des doigts, suis la ligne de ta hanche jusqu’à ton épaule. Je te frôle et tu frissonnes. J’effleure ta nuque avec mille précautions. Je me fais plus douce que je ne l’ai jamais été, prête à tout arrêter à chaque instant, au moindre signe, au moindre recul de ta part. Mais tu soupires d’aise. Ma main à plat sur ton ventre, j’hésite un instant à franchir cette petite frontière entre câlin et plus, entre amies et amantes. Tu es sur le fil, tu peux dire stop, mais tu n’en feras rien. Je le sais. Il se dégage de ta peau des fragrances d’envie pure.

Je descends ma main, visitant centimètre par centimètre ton ventre qui se fait brûlant sous ma peau, jusqu’à sentir dans le creux de ma paume le crissement de la dentelle de ton boxer noir. Relâchant la pression, je me mets à suivre du bout des doigts les dessins tissés, fleurs et arabesques, et ce ruban de satin bleu qui te cache encore. Je te sens bouillante à travers l’étoffe. Tu replies une jambe, me laissant libre d’aller plus loin, et je sais que tu en as envie, confusément. A travers le tissu noir, du bout de l’index, je fais le tour de ton mont de Venus, descend doucement en suivant la ligne de tes nymphes, et recommence, et recommence encore jusqu’à entendre ton souffle qui se saccade, jusqu’à sentir mes doigts mouillés de cyprine. Je sais que désormais tu en crèves d’envie. Tu fonds. Je serai douce, Aphro, je serai douce…

Je tire le ruban de satin et tu me facilites la tâche en glissant sur le dos. Je descends le tissu lentement, l’accompagnant vers tes chevilles au bout du lit, sous les draps. Je me fige ainsi quelques instants. Tu es nue devant moi, ouverte à quelque chose de nouveau, d’aveuglant. Je dois prendre tout mon temps…

Je remonte tout doucement contre toi, gratifiant chaque parcelle de ta peau d’une caresse de mes lèvres. Le creux de ton genou est si sensible, la peau de tes cuisses si fine…Mes baisers butent sur l’os de ta hanche. Je t’écarte les jambes pour m’y loger, tu me laisses faire, tu m’invites. Je fais ma langue fine et agile et je te visite, t’effleurant à peine. Tu frissonnes. Je veux te faire languir. Je veux être l’inverse de ce que tu as connu jusqu’ici, ces hommes brutaux dont tu me parlais souvent, de ceux qui t’arrachaient des cris comme on arrache une mauvaise herbe, aveugles et sourds. Ces hommes qui ne savaient pas voir ces poils fins et blonds, presque invisibles à l’intérieur de tes cuisses, se soulever comme une vague. Ceux qui n’osaient peut être pas regarder ces nymphes délicates se noyant peu à peu.

Ma langue vient cueillir ta cyprine sucrée et remonte vers ton clitoris. Sans jamais le frôler, je le contourne, je m’en approche, je le feinte, butinant de part et d’autre, guettant de ma main dans les contractions de ton ventre le moment de supplique. Tu passes ta jambe derrière mon dos et tes ongles griffent les draps. C’est le moment. Je dépose légère comme une plume la pointe de ma langue sur ton bourgeon, glisse dessus, le flatte de toute part, et te prend toute entière entre mes lèvres. Tu te perds à gémir, toi qui jamais ne t’abandonnes, quand je vais puiser le nectar à la source et insinue ma langue au plus profond de toi.

Mes doigts se font plus hardis, et 6 phalanges délicates suivent la voie ouverte par ma langue. Ton souffle n’est plus que saccade, expiration de sons inarticulés, tu ne retiens plus rien. Je vais et je viens, doucement, allant à chaque fois plus loin en toi, et à chaque fois mon annulaire resté en dehors glisse contre ton sillon que tu as trempé. Quand il frôle pour la première fois, sans que ce soit voulu, cette voie de peau fanée jusque-là ignorée, tu te cambres comme un chat. Quand il le frôle pour la deuxième fois, en insistant un peu, tu halètes. Quand j’entre le plus délicatement du monde le bout de mon annulaire, tes mains s’écrasent dans mes cheveux. J’accorde mes doigts et mes lèvres et j’accélère peu à peu, crescendo délicat et délicieux. Tu inondes les draps.

Je m’immobilise. J’attends, écoutant ton souffle… J’attends de recommencer…

 

Champs de coquelicots pour le calendrier Ipso Facto 2007

 Texte de Trinity, Photo de Cathy Peylan, musique IMNSX « Just a Dog »

Ne rate pas Trinity avec un texte inédit dans le 1er Fanzine des Filles :

Seulement 200 exemplaires en vente, dédicacés et numérotés !

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