Terroriste du genre

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feminisme et genre

La théorie du genre est une grande timide. Beaucoup en parle, peu la rencontre réellement. C’est aussi une salope d’après la description qu’en font ceux qui pensent la connaître. Présentation énervée.

Il paraît que cette vilaine théorie veut encourager l’homosexualité en niant les différences entre filles et garçons. Elle veut détruire le monde comme Magneto et les X-(fe)Men. Les familles traditionnelles ont peur. Les pauvres. Elles auraient dû lire les études de genre de Simone de Beauvoir plutôt que d’écouter la première frustrée qui passe.
De quoi flippent les théoriciens à la petite semaine exactement ? Que les femmes gagnent autant que leurs maris ? Que les taches ménagères soient enfin partagées équitablement ? Qu’on apprennent aux petits garçons à respecter les filles ? Qu’ils deviennent de bons pères ? Qu’elles deviennent ce qu’elles veulent ? Que les homos et les trans puissent vivre tranquillement ?

Parce qu’en vrai cette théorie c’est du flan. C’est les « gender studies » qui existent. Elles, elles ne sont qu’une distinction entre sexe biologique et genre, pas une négation. Ici, le genre prend en compte l’environnement social et culturel dans la construction de notre identité sexuelle. La perception que l’on a d’être homme ou femme peut se dissocier de notre appareil génital. En gros, ce n’est pas parce que j’aime la danse que je suis une fille. Demande à Billy Elliot. Mais ce n’est pas parce que je suis danseur que je suis gay. Demande à Patrick Dupond. Heu, non en fait c’est pas la peine.
Sérieux, si on détruit quelque chose ici, ce ne sont pas les différences qui resteront toujours (au moins physiquement), ce sont les préjugés qui enferment dans des rôles sociaux dépassés. Maman a le droit de sortir de la cuisine et papa de s’habiller en robe si ça le branche.

La légende urbaine

Après s’être follement amusé contre le mariage pour tous, les désœuvrés de la contestation populiste ont choppé la théorie du genre pour lui faire des bisous. Ils ont pu recracher leur venin sur tous ces cons qui ne vivent pas comme eux et qui remettent en cause les privilèges de l’homme occidental cisgenre. Oyez oyez, rentrons avec élan dans la psyché malade des fous du genre.
En janvier 2014, des sms idiots sont envoyés par milliers à de gentils parents. Grâce à la technique de la chaîne (« Participe à la journée du connard et envoie ce message à tous les abrutis que tu connais. Moi c’est fait. ») ou via les réseaux sociaux, des déclarations fantaisistes se transmettent plus vite que les miasmes de la gastro. Les braves gens sont invités à retirer leurs mômes de l’école parce qu’on va leur apprendre la masturbation. Oui m’sieur dame.

genre

Et comme une bêtise se diffuse mieux que le génie, la rumeur provoque un stress dans la population.

 

Au summum de la vanne, on entendra même que les maîtresses habillent les petits garçons en robe et font des démos de sextoys en maternelle. Oui il n’est jamais trop tôt.

Les marionnettistes derrière le rideau

Au bout de cette chaîne empoisonnée se trouve le cœur du mal. Sorcières et cancrelats vivant de pourriture et se nourrissant de la peur des gens. Mouvance obscure qui ne mérite pas la lumière, ces proches de la Manif pour tous et du FN jouent de la provoc sans souci du tort qu’ils font. Un indice chez vous : certains voraces aiment la quenelle.
Ensuite, sur Internet la conjuration des imbéciles s’organise. Un observatoire de la théorie du genre est créé par l’UNI (Union Nationale Inter-universitaire) dont les fameuses observations sentent le rance. Cette association indépendante a par exemple ce doux slogan : « Par l’éducation, pour la nation ». Tu sens qu’on rigole avec eux.
Enfin, les cathos en mal de manif voient dans ce nouveau soulèvement nauséabond l’occasion de s’astiquer la croix. Les excités de la soutane s’indignent devant des livres pour enfants faisant l’apologie du « gender » selon saint bigot. Avec des histoires où 2 papas élèvent leur fils, où une petite fille fait du foot, etc. le « djendeur » façon Boutin s’immiscerait pour transformer les mômes en homosexuels. Évidemment. Un peu comme si les 3 petits cochons faisaient de nous des zoophiles. Lol.

Conclusion intestinale

Des études de genre utiles pour que chacun(e) se réalise, on a glissé dans la fange d’une théorie néfaste qui sépare d’avantage. Contrairement à ce qu’enseigne le meilleur des sciences humaines, dont la grande Judith Butler est la papesse, toutes les nuances entre homme et femme, toutes les façons d’être soi entre les lignes imposées de la société, sont violemment gommées.

Et comme souvent, ce n’est qu’un petit groupe d’hommes gris sans envergure, pétés de trouille par la liberté qui nous empêche de vivre. Franchement, pas de quoi flipper.
Allez, Théo rit du genre. Faisons comme lui. Ou elle.

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