Drague lesbienne

Avec les sites internet je ne rencontre personne d’intéressant. Je préfère le contact direct et pourtant, entrer dans un bar de filles est à chaque fois une épreuve. Tu as à peine franchi le seuil de la porte que tous les yeux se tournent vers toi et te déshabillent du regard. Je me sens toujours super mal à l’aise. Je n’ose pas y aller sans une ou deux copines. Alors forcément c’est plus compliqué pour faire une rencontre…

La drague est le meilleur sujet du monde. Comme souvent pour chasser les travers, on grossit le trait. Soyez donc indulgentes mes sœurs.

C’est l’histoire d’une femme célibataire ne souhaitant pas le rester.

Acte 1, intérieur fin d’après-midi. Dans un bar hétéro.

Entre straight people, il est convenu que l’homme fasse le 1er pas. La femme est un être sensible : elle attend sagement son cavalier. Elle fait des œillades, se met en valeur subtilement pour appâter et poireaute jusqu’à ce que le mec pige son intérêt. Des fois ça marche, des fois elle se dessèche sur place. La femme reste une petite chose fragile et l’homme prouve sa virilité, tout le monde est content (à part les féministes, les lesbiennes, les mecs ouverts, les femmes fortes, etc. mais ça c’est un autre débat)

Acte 2, intérieur nuit. Dans un bar lesbien.

Entre meufs, aucun mode d’emploi n’est implicite. Les siècles de patriarcat nous ont façonnées à notre corps défendant. Une femme bien élevée ne se met pas en avant, c’est inconvenant.

Les lesbiennes peuvent donc se mater, se mordre la lèvre en minaudant et rouler des hanches en passant à proximité de la fille convoitée sans qu’il ne se passe rien. Ben oui, faut que Rosemonde se rende compte qu’on la drague, qu’il y ait connivence (je t’ai vue, tu m’as vue, c’est cool) et qu’enfin l’une des deux ose se jeter à l’eau. Autant jouer sa paye à la roulette.

Ajoutez à cela le fait que : chacune se déplace en meute parce qu’une nana ne sort jamais seule (fille seule dans un troquet = dépressive ou en avance pour son rencard) vos potes faisant écran, cela limite la probabilité de capter un regard d’inconnue en coin et plus moyen d’être sûre que la target est homo (rapport au succès que remporte nos lieux auprès des hétérotes soûlées des mâles en rut) . Franchement, on a pas des vies faciles.

La complexité de la tâche n’empêche pas notre besoin de rencontre et d’amour. On vit aussi pour aimer, partager et plaire bordel. Alors évidemment, dès qu’une charmante solitaire entre dans le même bar que nous, on peut être sûre qu’on est pas seule sur le dossier.

Revers de la médaille, la femme en question peut avoir l’impression d’être une cible potentielle, ce qui est rarement agréable. Il y une nuance entre le petit coup d’œil affriolant et les yeux revolver flippants. Tu peux pas être pépouze quand tu deviens une pièce montée à un congrès de diabétiques.

Il n’y a pas de recettes magiques pour faire la bonne rencontre. La part de hasard est conséquente pour être dans le même endroit au même moment que sa future moitié. Il faut ensuite être sur la même longueur d’onde et réceptive aux signes éventuels d’attrait réciproque. Là où on peut changer vraiment les choses et forcer le destin, c’est en allant au contact. Sans péter le nez des concurrentes bien sûr. Je suis Charlie, pas chablis.

En tant que femme aimant les femmes, on doit oser sortir des schémas type qui collent au sexe faible (notez l’image de bon goût). On n’a pas le choix, notre orientation sexuelle fait qu’on rentre déjà plus dans les cases imposées par le passé. Nous devons donc oser aborder celle qui fait battre notre cœur sans craindre de ne pas répondre à notre rôle social de femme. Explosons les carcans et prenons les devants. Sinon jamais rien de bon ne nous arrivera.

Acte 3, au petit jour. Dans la chambre de son amoureuse.

À vous d’écrire la fin.