J’aime les filles

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un conte de fees

« Bonjour, depuis quelques années j’ai remarqué que j’aime les filles… Je vais avoir 16 ans et je me pose plusieurs questions. Mes parents n’aiment pas ça, alors je n’imagine pas leur réaction si je leur avoue… Mes amies non plus je n’ose pas leur dire. Ma meilleure amie s’en doute, je me demande si ça la dégoûte… Je suis tombée quelques fois amoureuse de certaines filles mais à chaque fois elles sont hétéros. Comment trouver la femme de sa vie ? Comment le dire à mes proches ? Je suis carrément paumée… »

Y a plus de jeunesse ! À 16 ans, fini les dessins animés. Fini la princesse portant une robe trop pratique qui se marie et a une tripotée d’enfants. Oh, WAIT… hormis le jupon qui gratte, le reste est plus que jamais possible. Pas de quoi être dégoutée.
Le moment des premiers questionnements sur la sexualité est toujours déconcertant. Ado, on est un petit bout fragile, soumis à l’image qu’on renvoie aux autres. On voudrait tant être accepté… Nos différences nous font flipper. Surtout que les jeunes ne sont pas tendres entre eux. Slow down, on a tous quelque chose en nous de Tennessee et de traviole. Sauf que être homo n’est pas un défaut je le rappelle.

Parallèlement, on veut être soi-même en sachant qu’on ne va pas répondre totalement aux attentes des proches. Mais tu sais quoi ? Personne n’y arrive. Alors pas de pression ma poulette. Comme dirait l’autre, la femme parfaite est une connasse de toute manière.
Connaître sa « dark side » est le début de l’âge adulte. Et crois-moi, t’es pas au bout de tes peines. Cependant, certaines peines sont plus sympas que d’autres. Toi par exemple, tu louches plus du côté de Madame que de Monsieur. Le Marais est en liesse et déroule le tapis rouge !

Bon, mais avant que t’aies l’âge de picoler entourée d’admiratrices (on peut rêver tranquille oui ?), 2 ou 3 conseils s’imposent.
– Primo, pas d’annonce terroriste (« Je suis lesbienne et si vous ne l’acceptez pas je ne m’épilerai plus JAMAIS ! ») ou de sanglots femme fontaine please. C’est souvent cette attitude qui dramatise le coming out. Choupine tes proches, ton angoisse les inquièterait d’avantage que la nouvelle en soi.

En douceur, avec des amis et des parents pas trop idiots, ça passe tellement crème que c’en est presque décevant !

Si en revanche ton entourage ne brille pas par l’intelligence du cœur, laisse leur du temps en vivant ta vie sans colère de ton côté.

– Ensuite, ne reste pas seule. Sympathiser avec des personnes qui te ressemblent n’est pas sectaire, c’est normal. Dialoguer sur Internet et/ou sortir dans les lieux lesbiens ça permet d’échanger sur les problèmes possibles (incompréhension familiale, prévention des MST, homophobie, etc.), de rencontrer des copines, d’échanger sur les derniers potins ou la collection printemps-été des bières ! Partager sans frein ce qu’on est rassure autant que cela détend.

– Enfin, ne te sous-estime jamais. Aimer les femmes ne fait pas de toi une pestiférée ou une criminelle. C’est légal et ne concerne que toi et ta moitié. Retourne ta meuf si tu veux et surtout l’argument des vieux cons consistant à dire que ça doit rester dans la chambre. Oui, c’est de l’ordre de l’intime. Justement, tu n’en a rien à cirer de leurs remarques, merci et au revoir.

L‘essentiel dans la phase où tu décides de te révéler, c’est de garder à l’esprit que tu n’es pas différente ni des autres, ni de celle que tu étais avant. Tu es juste plus mature, en confiance et sereine. C’est cette qualité que tes amis et parents doivent percevoir. L’homosexualité n’est plus un drame depuis que la comédie romantique totale (avec combo mariage + mioches selon les goûts) s’invite à la teuf.

Ma princesse, tu n’es pas malade et tu n’es pas paumée. En tous cas, je te jure que tu n’es pas perdue pour tout le monde. Bienvenue à toi dans ce monde. Enchantée ?

*Crédit photo : La série Disenchanted par l’artiste mexicain Rodolfo Loaiza

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